Enseignement - Classe Terminale
Activité 1 - Comprendre le sujet
Activité 2 - Construire mon corpus de connaissances de la partie
Dossier - Isadora Duncan, féministe?
Dossier - Marina Abramovic, artiste engagée
Dossier - La table verte de Kurt Jooss, ballet politique
Dossier - Lamentation de Martha Graham
Dossier - Anna Halprin, Blanck Pancard Dance, 1967
Dossier - Anne Collod, Blanck Pancard Dance Replay, 2016
Activité 3 - Construire le corpus de connaissance de la partie 2
Dossier - Alvin Ailey - Chorégraphe Américain des années 60
Dossier - Analyse de «Révélations» d’Alvin Ailey, 1960
Dossier - Le lac des cygnes de Matthew Bourne, 1995
Dossier - Analyse de «Swan Lakes» de Masilo Dada, 2010
Dossier - Réalités de Gervais Tomadiatunga, Compagnie dansincolore
Dossier - La judson Dance Theater
Activité 4 - Construire le corpus de connaissance de la partie 3
Dossier - Les enjeux globaux sociétaux
Dossier - Umwelt de Maguy Marin, 2004
Dossier - Ligne de crête de Maguy Marin, 2018
Dossier - L’urgence d’agir, Maguy Marin, 2018
Dossier - 2023 de Maguy Marin, 2023
Le sujet porte sur l’engagement politique et social des chorégraphes à travers l’histoire de la danse. Il explore comment ces artistes ont utilisé la danse pour critiquer, questionner et dénoncer les problématiques et les injustices de leur époque.
Chorégraphes : Artistes qui créent et mettent en scène des séquences de mouvements dansés, souvent pour un groupe de danseurs.
Dérives de nos sociétés : Comportements, politiques ou événements sociaux qui s’écartent des principes éthiques, moraux ou légaux, menant souvent à des injustices ou à des déséquilibres sociaux.
Œuvres chorégraphiques : Créations artistiques dans le domaine de la danse, comprenant la composition des mouvements et l’interprétation par les danseurs.
De quelle manière les chorégraphies peuvent elles servir de miroir aux enjeux sociaux et politiques d’une époque ?
Quels sont les défis et limites rencontrés par les chorégraphes dans la transmission d’un message engagé à travers la danse ?
Comment l’évolution de la société se reflète-t-elle dans les thèmes abordés par les œuvres chorégraphiques au fil des décennies?
En quoi les œuvres chorégraphiques engagées ont-elles influencé la perception publique des problématiques sociales qu’elles dénoncent ?
Quel rôle la danse contemporaine joue t-elle dans la sensibilisation et l’activisme social ?
Comment les chorégraphes utilisent ils la danse comme outil de critique sociale pour dénoncer et sensibiliser aux dérives des sociétés contemporaines et passées ?
I. La danse comme reflet des tensions sociales et politiques
II. La danse comme moyen d’expression des minorités et des luttes pour les droits
III. La danse contemporaine face aux enjeux globaux
Comment les chorégraphes du 20 -ème et 21 -ème siècle dénoncent ils les dérives de la société dans leurs œuvres chorégraphiques?
Comparez ces quatre image - argumentez autour de la notion d’ «engagement» en fonction de l’époque de création
La table verte, Kurt Jooss, 1932
Le lac des cygnes, Dada Masilo, 2010
2023, Maguy Marin
Nomad, Charkaoui, 2018
Comment les chorégraphes du 20 -ème et 21 -ème siècle dénoncent ils les dérives de la société dans leurs œuvres chorégraphiques?
I. La danse comme reflet des tensions sociales et politiques
Construire l’argumentation de la partie un à partir des artistes suivants :
Table 1: La table verte de Kurt Jooss
Table 2: Le corps libre d’Isadora Duncan
Table 3 : Graham et sa piéce Lamentation
Table 4 : Blanck Pancard Dance D’Anna Halprin
Table 5 : Marina Abramovic
Isadora Duncan, avec son approche révolutionnaire de la danse, a non seulement transformé cet art mais a également contribué de manière significative à la lutte pour la libération de la femme. Son travail et sa vie personnelle reflètent un engagement profond pour la liberté d’expression et l’émancipation féminine. Ce commentaire explore en trois parties distinctes comment les créations d’Isadora Duncan ont lutté pour la libération de la femme, illustrant chaque argument avec des exemples concrets tirés de sa carrière et de sa philosophie.
Isadora Duncan a rejeté les conventions strictes du ballet classique, prônant une forme de danse plus naturelle et expressive. Elle a introduit l’idée d’une «danse libre dans un corps libre», refusant les corsets et les costumes restrictifs en faveur de vêtements amples qui permettaient un mouvement sans entrave. Cette approche n’était pas seulement une innovation artistique; elle symbolisait également le rejet des contraintes physiques et sociales imposées aux femmes. En promouvant l’idée que le corps féminin devrait être libre de se mouvoir sans restriction, Duncan a directement contesté les normes de l’époque qui cherchaient à contrôler et à confiner les femmes dans des rôles spécifiques.
Duncan a vécu sa vie avec une indépendance farouche, rejetant non seulement l’éducation traditionnelle mais aussi les attentes sociales envers les femmes. Elle a choisi de rester célibataire tout en ayant trois enfants de pères différents, une décision audacieuse à une époque où la maternité hors mariage était fortement stigmatisée. En fondant une école en Russie et en s’engageant dans des idéaux révolutionnaires, elle a prouvé que les femmes pouvaient diriger des institutions et participer activement à la vie politique et sociale. Ces choix de vie, radicaux pour l’époque, servaient d’exemples concrets que les femmes n’avaient pas besoin de se conformer aux attentes traditionnelles pour mener une vie épanouie et significative.
Duncan croyait que la danse était avant tout «une activité éducative» capable d’exprimer l’âme profonde de chaque interprète. En mettant l’accent sur l’émotion et l’improvisation, elle a ouvert la voie à une expression artistique qui valorisait l’expérience intérieure des femmes, souvent marginalisée dans les formes d’art plus traditionnelles. Ses chorégraphies, inspirées par ses études sur la Grèce antique et son amour pour la nature, reflétaient une spiritualité et une recherche d’harmonie qui contrastaient avec les représentations plus stéréotypées et limitées des femmes dans les arts. En encourageant les femmes à explorer et à exprimer leurs émotions profondes à travers le mouvement, Duncan a contribué à élargir la compréhension de ce que pouvait être l’expression féminine
En conclusion, Isadora Duncan a joué un rôle crucial dans la lutte pour la libération de la femme à travers ses innovations en danse et ses choix de vie audacieux. Elle a défié les normes sociales et artistiques en promouvant une forme d’expression qui valorisait la liberté, l’indépendance et l’émotion. Par ses créations et sa vie personnelle, Duncan a non seulement contribué à transformer la danse mais a aussi offert un modèle inspirant d’autonomie et d’expression pour les femmes de son époque et des générations futures. Son héritage perdure dans les salles de danse contemporaines et dans le mouvement continu pour l’égalité et l’émancipation des femmes dans tous les domaines de la vie.
Marina Abramovic, figure emblématique de l’art performance, a marqué le monde de l’art par ses œuvres profondément engagées. Son travail, qui repousse les limites du corps et de l’esprit, s’inscrit dans une démarche artistique où chaque performance devient un acte de résistance, de réflexion et d’interrogation sur la condition humaine, la société et les pouvoirs en place. Cet engagement se manifeste à travers divers axes, parmi lesquels l’exploration des capacités physiques et mentales, la critique sociale et politique, ainsi que la quête de la connexion spirituelle et interpersonnelle.
Un premier axe d’engagement dans l’œuvre d’Abramovic réside dans sa volonté d’explorer les limites du corps et de l’esprit. À travers des performances extrêmes, elle teste la résistance de son propre corps à la douleur, à la fatigue et aux émotions intenses. Cette démarche se veut une réflexion sur la condition humaine, la vulnérabilité et la force intérieure. Par exemple, dans sa performance «Rhythm 0» (1974), Abramovic se présente comme un objet à la disposition du public, armée de 72 objets pouvant procurer plaisir ou douleur. Cette œuvre met en lumière la capacité de l’être humain à infliger de la souffrance à autrui, interrogeant ainsi les limites éthiques et morales de notre société.
Le second axe d’engagement se manifeste par une critique acerbe des structures sociales et politiques. Abramovic utilise son art comme un moyen de questionner les normes établies, dénonçant les oppressions et les injustices. Son œuvre «Balkan Baroque» (1997), pour laquelle elle a reçu le Lion d’or à la Biennale de Venise, en est un exemple frappant. Dans cette performance, Abramovic nettoie laborieusement un amas d’ossements sanglants, métaphore du nettoyage ethnique dans les Balkans. À travers cette action répétitive et épuisante, elle critique non seulement le conflit yougoslave mais aussi l’indifférence internationale face à cette tragédie, soulignant ainsi le rôle de l’artiste comme conscience de la société.
Enfin, un troisième axe d’engagement dans l’œuvre d’Abramovic est sa quête de spiritualité et de connexion entre les êtres. Elle explore les dimensions spirituelles de l’art performance, cherchant à créer des expériences transcendantales pour elle-même et pour son public. «The Artist is Present» (2010), performance emblématique au Museum of Modern Art (MoMA) de New York, illustre parfaitement cet aspect. Pendant trois mois, Abramovic s’est assise immobile tandis que les visiteurs étaient invités à s’asseoir en face d’elle, établissant un lien silencieux mais intense. Cette œuvre met en avant le pouvoir de l’art à créer des connexions profondes entre les individus, transcendant les barrières linguistiques, culturelles et personnelles.
En conclusion, l’œuvre de Marina Abramovic est indéniablement engagée. À travers l’exploration des limites du corps et de l’esprit, une critique sociale et politique poignante, ainsi que sa quête de spiritualité et de connexion humaine, Abramovic nous invite à repenser notre rapport au monde et aux autres. Son art, loin d’être une simple expression esthétique, devient un vecteur de changement et de prise de conscience, reflétant les préoccupations majeures de notre époque et plaçant l’artiste au cœur des débats sociétaux.
L’œuvre de Kurt Jooss, en particulier sa chorégraphie emblématique «La Table verte», représente un témoignage poignant de l’engagement politique et social d’un artiste à travers le médium de la danse. Cette pièce, créée en 1932, au cœur de l’entre-deux-guerres, se distingue par sa critique virulente des mécanismes politiques et des horreurs de la guerre. L’analyse de son œuvre sous l’angle de l’engagement politique se déploie autour de trois axes principaux : la dénonciation des horreurs de la guerre, la critique des mécanismes politiques, et l’humanisme profond qui s’en dégage.
La Table verte, dès son ouverture, plonge le spectateur dans une atmosphère de négociations politiques où les décisions semblent se prendre à la légère, sans considération pour les conséquences tragiques sur les vies humaines. L’un des passages les plus marquants est celui où les diplomates, assis autour d’une grande table verte, miment des discussions stériles à travers une danse mécanique et désincarnée. Ce tableau représente une critique acerbe du processus diplomatique qui mène inévitablement à la guerre. Jooss utilise le langage corporel pour mettre en lumière l’absurdité et la déconnexion des dirigeants face à la réalité du conflit, incarnant ainsi une véritable dénonciation des horreurs de la guerre.
Au-delà de la simple dénonciation de la guerre, l’œuvre de Jooss critique également les mécanismes politiques qui permettent son émergence. La scène où les diplomates se lèvent et se rassoient autour de la table, en un ballet cynique de faux-semblants, symbolise le jeu politique vide et répétitif qui précède les conflits. Cette partie de la chorégraphie met en évidence la manière dont les décisions sont prises sans égard pour l’humanité, soulignant le décalage entre les sphères du pouvoir et les réalités du peuple. Par cette critique, Jooss exprime son engagement contre une politique détachée des préoccupations humaines et sociales, montrant combien ces mécanismes sont déconnectés des conséquences réelles de leurs actions.
Enfin, malgré la noirceur des thèmes abordés, l’œuvre de Jooss est empreinte d’un humanisme profond. Cela transparaît notamment dans les passages où les victimes de la guerre sont représentées. Un moment particulièrement émouvant est celui de la danse des veuves, où les femmes expriment leur douleur et leur solitude après la perte de leurs proches au combat. À travers ces personnages, Jooss rend hommage à la résilience humaine face à l’adversité et critique subtilement la guerre en soulignant ses conséquences dévastatrices sur l’individu et la société. Cette partie de l’œuvre met en lumière l’empathie de Jooss pour les souffrances humaines et son désir de voir triompher des valeurs telles que la paix et la solidarité.
En conclusion, l’œuvre de Kurt Jooss, avec «La Table verte» comme exemple emblématique, se révèle être un puissant plaidoyer politique et social. À travers sa critique des horreurs de la guerre, des mécanismes politiques et son humanisme profond, Jooss utilise la danse pour communiquer un message universel sur les conséquences tragiques des conflits et sur l’importance de l’empathie et de l’engagement politique. Son œuvre demeure un témoignage poignant de l’impact que peut avoir l’art dans la critique sociale et politique, rappelant que derrière chaque décision se trouvent des vies humaines dont il convient de prendre soin.
L’une des premières dimensions d’engagement dans l’œuvre «Lamentation» de Martha Graham réside dans sa capacité à universaliser l’expérience du deuil et de la souffrance. À une époque, les années 1930, marquée par de grands bouleversements économiques et sociaux, notamment la Grande Dépression, Graham choisit de mettre en lumière les émotions les plus intimes et universelles. En incarnant le deuil non pas comme une expérience individuelle mais comme un sentiment partagé, «Lamentation» se pose en vecteur d’empathie et de solidarité. Cette œuvre engage le spectateur à reconnaître et partager la souffrance d’autrui, s’opposant ainsi à l’indifférence qui peut prévaloir en temps de crise.
Analyse : Dans «Lamentation», Graham utilise un costume tubulaire, qui restreint ses mouvements tout en amplifiant chaque geste. Ce choix esthétique et chorégraphique symbolise la prison émotionnelle que représente le deuil. Les mouvements contenus mais intenses expriment une lutte intérieure, une souffrance qui ne trouve pas d’échappatoire. Cette représentation visuelle et kinesthésique du deuil interpelle directement le spectateur, le confrontant à l’universalité de la douleur humaine.
La deuxième dimension d’engagement dans «Lamentation» peut être perçue à travers le prisme du féminisme. Martha Graham, figure emblématique de la danse moderne, utilise son art pour remettre en question les rôles traditionnellement assignés aux femmes dans la société et dans le monde de la danse. En choisissant de se produire seule sur scène, Graham revendique l’autonomie et la force des femmes, défiant ainsi les normes et les attentes de son époque où la danse était souvent un domaine dominé par les figures masculines.
Analyse : Le solo «Lamentation» est non seulement une performance physique mais aussi un acte d’affirmation féminine. En exprimant des émotions profondes et complexes à travers son corps, Graham démontre la puissance et la profondeur des expériences féminines. Elle refuse de se conformer à une représentation idéalisée ou passive des femmes dans l’art, choisissant plutôt de montrer une réalité brute et émotionnellement chargée.
Enfin, «Lamentation» s’engage à promouvoir la danse comme un langage universel capable de transcender les frontières culturelles et linguistiques. Dans un contexte international tendu, précédant la Seconde Guerre mondiale, Graham démontre que l’art peut servir de pont entre les peuples, favorisant la compréhension et l’empathie au-delà des différences. En choisissant une musique du compositeur hongrois Zoltán Kodály, elle souligne également son désir d’intégrer des influences diverses dans son travail, enrichissant ainsi le dialogue interculturel.
Analyse : La combinaison de la musique de Kodály et de la chorégraphie innovante de Graham crée une expérience immersive qui dépasse les barrières linguistiques et culturelles. L’œuvre parle directement à l’émotionnel, permettant à chacun, quelle que soit son origine, de se reconnaître dans l’expression universelle du deuil et de la résilience humaine.
En conclusion, «Lamentation» de Martha Graham est une œuvre profondément engagée qui, par son exploration du deuil, sa revendication féministe et son appel à l’universalité, offre une réflexion sur la condition humaine. Elle démontre le pouvoir de la danse non seulement comme forme d’art mais aussi comme moyen d’expression politique et sociale.
L’œuvre «Blank Placard Dance» créée par Anna Halprin en 1967 est un puissant exemple d’engagement artistique. Cette performance, impliquant des danseurs défilant avec des pancartes vierges dans les rues, offre une réflexion profonde sur la communication, la protestation et l’espace public. Cet article explore trois axes d’engagement de cette œuvre, en les replaçant dans le contexte de la société de l’époque.
Dans les années 60, les États-Unis et le monde traversent une période de bouleversements sociaux et politiques. La guerre du Vietnam, le mouvement des droits civiques, et la montée des contre-cultures questionnent les structures de pouvoir établies. C’est dans ce contexte que «Blank Placard Dance» émerge comme une forme de protestation non verbale. En utilisant des pancartes vierges, Halprin invite à une réflexion sur le potentiel de la parole et du silence dans l’espace public. Cette absence de message écrit pousse les spectateurs à projeter leurs propres interprétations, soulignant l’importance de l’engagement personnel dans le processus politique.
Analyse d’une Œuvre : «Blank Placard Dance»
Dans «Blank Placard Dance», la démarche des danseurs avec des pancartes vierges à travers la ville crée un espace de questionnement. L’absence de slogans écrits défie l’attente commune des manifestations et interpelle directement le spectateur. Cette performance met en lumière la capacité de l’art à engager le dialogue sur les questions sociales sans recourir à la parole.
Un deuxième axe d’engagement de cette œuvre est sa défense de la liberté d’expression. Dans un contexte où la censure et la répression des voix dissidentes étaient monnaie courante, le choix d’une pancarte vierge devient un symbole puissant. Cela représente la possibilité infinie d’expression, mais aussi la peur et les limites imposées par les autorités. Halprin utilise l’espace public comme un lieu d’expression libre, où chaque participant peut, potentiellement, partager son message.
Enfin, «Blank Placard Dance» interroge l’utilisation de l’espace public pour l’engagement civique. À une époque où les manifestations prennent une importance croissante dans le débat public, Halprin réaffirme le droit à occuper ces espaces pour le discours politique. La performance devient un espace mobile de contestation, où le corps en mouvement exprime des revendications pour la justice sociale et politique.
La déambulation des danseurs dans les rues transforme l’espace urbain en un théâtre de contestation. Cette occupation temporaire mais significative des rues par l’art souligne le potentiel de l’espace public comme lieu d’expression démocratique. Elle rappelle que chaque citoyen a le droit d’utiliser ces espaces pour communiquer ses idées et ses espoirs.
«Blank Placard Dance» de Anna Halprin est une œuvre profondément engagée qui utilise le langage du corps et l’espace public pour questionner et défier les normes sociales et politiques de son époque. À travers ses trois axes d’engagement – le contexte social et politique, la liberté d’expression, et la réflexion sur l’espace public – cette performance continue d’inspirer une réflexion sur le rôle de l’art comme forme de protestation et de dialogue dans la société contemporaine.
L’œuvre «Blank Placard Dance replay» de l’artiste contemporain Collod s’inscrit dans une démarche d’engagement artistique marquée, reprenant le concept initié par Anna Halprin en 1967. Cette performance interroge les mécanismes de la protestation, du message politique et de la communication dans l’espace public. Trois axes d’engagement peuvent être identifiés, reflétant les préoccupations de la société à l’époque de sa création.
Dans une époque marquée par les réseaux sociaux et la communication numérique, «Blank Placard Dance replay» ramène l’attention sur l’espace public comme lieu de contestation et d’expression collective. En reprenant le concept des pancartes vierges, Collod souligne l’importance de l’espace physique dans les mouvements sociaux, même à une ère dominée par le virtuel. Cette œuvre rappelle que la présence physique, le rassemblement d’individus partageant un même espace, possède une force symbolique et pratique irremplaçable.
Analyse : La performance crée un contraste saisissant entre les participants tenant des pancartes vierges et l’environnement urbain saturé de messages publicitaires et numériques. Cette dichotomie interroge notre rapport à l’espace public et aux autres, dans un monde où la communication est souvent filtrée par des écrans.
«Blank Placard Dance replay» met en lumière la liberté d’expression dans sa forme la plus épurée. En choisissant de ne pas imposer un message spécifique sur les pancartes, Collod invite à une réflexion sur la censure, l’autocensure et le droit à la parole. Cette œuvre suggère que la liberté d’expression inclut également le choix du silence ou de ne pas exprimer une opinion tranchée, dans un contexte où la pression pour prendre position est omniprésente.
Analyse : L’utilisation de pancartes vierges comme principal vecteur d’expression artistique interroge directement le spectateur sur ses propres convictions et la manière dont il choisit de les communiquer ou de les taire.
En reprenant une œuvre emblématique des années 60, Collod crée un pont entre les générations, soulignant l’universalité et la persistance des questions de protestation, d’engagement civique et de communication. «Blank Placard Dance replay» invite à réfléchir sur l’évolution des mouvements sociaux et des formes d’engagement à travers le temps, mettant en lumière les continuités et les ruptures avec le passé.
Analyse : La performance agit comme un miroir reflétant les changements sociétaux et technologiques qui ont influencé la manière dont nous nous engageons politiquement et socialement. Elle pose la question de ce qui reste constant dans nos aspirations à changer le monde, malgré l’évolution des outils et des contextes.
En conclusion, «Blank Placard Dance replay» de Collod est une œuvre profondément engagée qui utilise le passé pour questionner le présent et inspirer l’avenir. À travers ses axes d’engagement, elle invite à une réflexion sur notre rapport à l’espace public, à la liberté d’expression et au dialogue intergénérationnel, faisant écho aux défis contemporains tout en rendant hommage à l’héritage des mouvements sociaux passés.
Construire l’argumentation de la partie un à partir des artistes suivants :
Table 1: Révélation de Alvin Ailey, 1960
Table 2: Le lac des cygnes de Masilo Dada , 2010
Table 3 :Le lac des cygnes de Matthew Bourne 1995
Table 4 : Réalité de Gervais Tomadiatunga
Table 5 : Le Krump
Alvin Ailey, chorégraphe et activiste américain, a marqué de son empreinte indélébile le monde de la danse moderne. À travers son œuvre, il a non seulement révolutionné l’esthétique de la danse mais s’est également engagé dans la lutte pour les droits civiques, la reconnaissance de la culture africaine-américaine, et l’expression des émotions humaines universelles. Son engagement se manifeste à travers trois axes principaux : la lutte pour les droits civiques, la valorisation de la culture africaine-américaine, et l’universalité de l’expérience humaine.
Dans le contexte de la ségrégation raciale et des luttes pour les droits civiques aux États-Unis des années 1950 et 1960, Alvin Ailey utilise la danse comme un moyen de protestation et de sensibilisation. Son engagement pour les droits civiques se reflète dans sa célèbre œuvre « Revelations » (1960). Cette pièce, inspirée par son enfance dans le Texas rural et les chants spirituels africains-américains, est un puissant hommage à la résilience et à la foi de la communauté noire face à l’oppression. À travers des mouvements qui expriment à la fois la souffrance et l’espoir, Ailey parvient à raconter l’histoire d’une quête de liberté, faisant de « Revelations » un symbole de la lutte contre la ségrégation et pour l’égalité.
Ailey s’est également engagé à valoriser la culture africaine-américaine, souvent marginalisée ou ignorée par les institutions culturelles dominantes de l’époque. En intégrant des éléments de jazz, de blues, de gospel, et de danse traditionnelle africaine, il a contribué à une meilleure reconnaissance de cette culture riche et diversifiée. L’œuvre « Blues Suite » (1958), qui décrit une soirée dans un bar du sud rural des États-Unis, illustre parfaitement cet engagement. En mettant en scène des personnages et des histoires inspirés de la vie réelle, Ailey célèbre la culture africaine-américaine, tout en dénonçant les stéréotypes raciaux. Cette œuvre montre comment la danse peut être un véhicule pour la mémoire collective et l’affirmation identitaire.
Enfin, Alvin Ailey a cherché à exprimer l’universalité de l’expérience humaine à travers ses chorégraphies. Pour lui, la danse est un langage universel capable de transcender les barrières raciales, culturelles, et sociales. Cette vision se concrétise dans l’œuvre « Cry » (1971), dédiée à « toutes les femmes noires partout, surtout à notre mère ». Dans cette pièce solo, Ailey combine des techniques de danse moderne et africaine pour explorer les thèmes de la souffrance, de la lutte, mais aussi de la force et de la résilience féminine. Par cette œuvre, il rend hommage non seulement à l’expérience spécifique des femmes noires, mais aussi à l’universalité des émotions humaines, créant un pont entre les différentes cultures et expériences.
À travers ces trois axes d’engagement, Alvin Ailey a non seulement enrichi le monde de la danse mais a aussi contribué à des mouvements sociaux et culturels bien plus larges. Son œuvre, ancrée dans le contexte de la société de son époque, continue d’inspirer et de toucher des générations, témoignant de la puissance de l’art comme vecteur de changement social et d’empathie humaine
«Révélations» d’Alvin Ailey est une œuvre de danse emblématique qui a su utiliser le langage corporel pour exprimer les aspirations et les luttes des minorités, en particulier de la communauté afro-américaine. Créée en 1960, cette pièce puissante s’inscrit dans un contexte social et politique marqué par la lutte pour les droits civiques aux États-Unis. La chorégraphie raconte l’histoire de la souffrance, mais aussi de la résilience et de l’espoir à travers trois sections principales.
La première section, «Pilgrim of Sorrow», dépeint la souffrance et l’oppression avec des mouvements qui évoquent le travail forcé et l’aspiration à la liberté. Les danseurs utilisent leurs corps pour représenter le poids de l’histoire, avec des gestes qui semblent s’élever malgré la gravité, symbolisant l’espoir inébranlable d’un peuple. Les mouvements sont souvent répétitifs et rythmés, reflétant le travail épuisant des champs de coton et l’incessante quête de liberté.
Dans «Take Me to the Water», la chorégraphie devient plus fluide, évoquant le rituel du baptême et la purification. Ici, le mouvement suggère une transition, une métamorphose où les danseurs semblent se libérer des chaînes du passé. Les costumes blancs et les mouvements ascendants vers l’eau symbolisent une nouvelle naissance, une renaissance spirituelle qui est en elle-même un acte de résistance contre l’oppression.
La dernière partie, «Move, Members, Move», est un hymne à la joie et à la solidarité communautaire. Les mouvements sont dynamiques, presque exubérants, et transmettent l’énergie des églises noires où la danse et la musique gospel jouent un rôle central dans le culte. Cette section célèbre la force collective et l’identité culturelle afro-américaine, affirmant ainsi sa place dans la société malgré les discriminations.
Dans le contexte des années 1960, alors que les États-Unis étaient en pleine effervescence du mouvement des droits civiques, « Révélations » a servi de cri de rassemblement artistique. Des événements tels que le boycott des bus de Montgomery en 1955, les sit-ins de Greensboro en 1960, et la marche sur Washington en 1963 ont créé un climat où l’expression artistique afro-américaine n’était pas seulement une question d’ art mais un moyen de lutte pour l’égalité.
Ailey a su capturer cette essence en intégrant des éléments de spirituals, de gospel et de blues – des musiques qui ont elles-mêmes été des formes d’expression et de résistance. La danse ne se contente pas d’illustrer l’histoire afro-américaine ; elle en devient un vecteur d’expression puissant, un langage universel qui transcende les barrières raciales et sociales.
Par conséquent, «Révélations» n’est pas seulement une œuvre d’art engagée ; elle est un témoignage vivant de la lutte et de la persévérance d’une communauté. À travers la chorégraphie d’Ailey, chaque mouvement raconte une histoire de douleur mais aussi d’espoir, chaque geste est un acte de défi face à l’injustice, et chaque performance est un rappel que la danse peut être une force transformatrice dans la quête de liberté et d’égalité.
Le «Lac des Cygnes» de Matthew Bourne, revisité en 1995, est devenu un phénomène culturel marquant qui dépasse les frontières de la danse classique pour toucher à des questions sociales profondes, notamment la lutte contre l’homophobie. Cette version audacieuse et contemporaine du ballet classique de Tchaïkovski se distingue par son choix de remplacer le corps de ballet traditionnellement féminin par un ensemble d’hommes, illustrant ainsi une forme de rupture avec les conventions et un plaidoyer pour la diversité et l’acceptation. Dans cette analyse, nous explorerons en trois axes comment cette œuvre cristallise la lutte contre l’homophobie à travers son contexte de création, sa réception et son langage chorégraphique.
Dans les années 90, le monde occidental connaît un tournant significatif dans la perception et l’acceptation des communautés LGBTQ+. C’est l’époque de l’émergence de mouvements pour les droits civiques et d’une visibilité accrue des questions d’orientation sexuelle dans l’espace public. Matthew Bourne, en réinterprétant «Le Lac des Cygnes», s’inscrit dans ce mouvement de changement. En choisissant des danseurs hommes pour incarner les cygnes, traditionnellement des rôles féminins, il brise les stéréotypes de genre dans la danse classique et ouvre un dialogue sur la fluidité de genre et l’homosexualité. Cette décision n’est pas seulement artistique; elle est profondément politique et sociale, reflétant les luttes et les aspirations d’une époque en quête d’acceptation et de reconnaissance des diverses formes d’amour.
La réception de ce «Lac des Cygnes» est un témoignage de son impact culturel et social. Acclamé par la critique et le public, le ballet de Bourne a su toucher un large public, bien au-delà des amateurs de danse classique. Il a provoqué des débats, parfois des controverses, mais surtout, il a contribué à une prise de conscience et à une ouverture d’esprit vis-à-vis de l’homosexualité. En mettant en scène une relation émotionnellement chargée entre le Prince et le Cygne, Bourne offre une représentation puissante de l’amour homosexuel, défiante les tabous et les préjugés. Cette dimension émotionnelle, combinée à la beauté et à la force de la performance, a permis de véhiculer un message fort contre l’homophobie, encourageant l’empathie et la compréhension.
Sur le plan chorégraphique, le «Lac des Cygnes» de Bourne se distingue par son inventivité et son expressivité. Les cygnes, interprétés par des hommes, incarnent une force et une grâce qui transcendent les genres, remettant en question les idées préconçues sur la masculinité et la vulnérabilité. Le Cygne principal, à la fois protecteur et menaçant, symbolise la lutte intérieure contre les normes sociales oppressives et l’aspiration à l’acceptation de soi. Cette dualité reflète les tensions et les défis auxquels sont confrontées les personnes LGBTQ+ dans leur quête d’identité et d’amour. La pièce utilise également le contraste entre les scènes opulentes de la cour et la nature sauvage et libre des cygnes pour commenter la rigidité des conventions sociales et la libération que représente l’acceptation de son vrai soi.
En conclusion, le «Lac des Cygnes» de Matthew Bourne est bien plus qu’une réinterprétation audacieuse d’un classique du ballet; c’est une œuvre profondément engagée qui, à travers sa création, sa réception et son langage chorégraphique, cristallise la lutte contre l’homophobie. En brisant les barrières de genre dans la danse et en représentant l’amour homosexuel de manière ouverte et émouvante, Bourne contribue à un mouvement plus large de reconnaissance et d’acceptation des diversités, reflétant et influençant les évolutions sociales de son époque.
Le «Lac des Cygnes» de Dada Masilo est une œuvre audacieuse qui utilise la danse comme vecteur d’expression pour des minorités et comme une forme de lutte pour les droits de l’homme. Voici une analyse en trois parties de cette pièce emblématique
Axe d’engagement : L’affirmation identitaire par la danse
Dans la société sud-africaine post-apartheid, la question de l’identité est centrale. Dada Masilo utilise la danse pour explorer et affirmer l’identité culturelle africaine. En intégrant des rythmes zoulous et des danses tribales, elle revendique un patrimoine souvent marginalisé sur la scène internationale du ballet. Ces éléments ne sont pas seulement des ornements; ils sont le langage à travers lequel les minorités s’expriment, défiant ainsi la norme occidentale dominante du ballet classique.
Analyse parallèle : Dans «Le Lac des Cygnes», cette affirmation se fait ressentir dès les premiers instants, où les danses tribales remplacent les mouvements traditionnels du ballet. La présence de ces éléments dans un classique tel que «Le Lac des Cygnes» est une déclaration puissante de la diversité et de la richesse culturelle sud-africaine.
Axe d’engagement : La dénonciation de l’intolérance et de l’injustice
La chorégraphie de Masilo ne se contente pas d’être esthétiquement innovante; elle est politiquement engagée. En abordant frontalement des sujets comme l’homosexualité et la violence, Masilo fait de sa danse un cri contre l’intolérance et un appel à la justice pour les droits de l’homme. En représentant un prince gay, elle défie directement les tabous et les préjugés persistants en Afrique du Sud et ailleurs.
Analyse parallèle : La création de Masilo reflète cette lutte en mettant en scène un triangle amoureux où l’homosexualité est centrale. Ce choix audacieux remet en question les normes sociales et offre une visibilité à une communauté souvent réprimée, utilisant «Le Lac des Cygnes» comme un miroir des luttes contemporaines pour l’égalité.
Axe d’engagement : La représentation de la diversité et de l’égalité
Masilo ne se contente pas d’introduire des éléments africains dans sa danse; elle revendique aussi l’égalité sur scène. En mettant en avant des danseurs noirs et en brisant les stéréotypes de genre, elle promeut une vision inclusive du ballet. Cette démarche reflète les aspirations d’une société qui cherche à dépasser les divisions raciales et sexistes.
Analyse parallèle : «Le Lac des Cygnes» de Masilo est une métaphore de la société sud-africaine, où chaque danseur, quelle que soit son origine ou son identité, a sa place sur scène. Les costumes unisexes et les rôles non traditionnels sont autant de symboles d’une quête d’égalité qui résonne bien au-delà des frontières du théâtre.
En conclusion, le «Lac des Cygnes» de Dada Masilo est bien plus qu’une simple réinterprétation d’un classique du ballet. C’est une œuvre engagée qui utilise la danse pour remettre en question les normes, célébrer la diversité et militer pour les droits de l’homme. Elle s’inscrit dans le contexte sud-africain tout en abordant des thèmes universels, faisant d’elle une création à la fois ancrée dans son temps et intemporelle.
La performance «Réalité(s)» de Gervais Tomadiatunga utilise la danse comme moyen d’expression pour les enfants-soldats et les travailleurs des mines de coltan en République démocratique du Congo (RDC), reflétant ainsi une lutte pour les droits de l’homme. Cette œuvre artistique ne se contente pas de dénoncer une réalité sociale et politique douloureuse, mais cherche aussi à transmettre un message d’espoir et d’humanité aux victimes de ces circonstances.
La performance «Réalité(s)» de Gervais Tomadiatunga est un cri puissant pour les droits de l’homme, utilisant la danse comme un outil d’expression pour une minorité opprimée. En tant qu’ancien enfant-soldat, Tomadiatunga a vécu les horreurs de la guerre civile du Congo et la dure réalité des mines de coltan. À travers sa chorégraphie énergique et métissée, il donne une voix aux sans-voix, en particulier aux enfants-soldats qui ont été forcés de travailler dans des conditions inhumaines. La danse sert d’exutoire et de plateforme pour partager son message d’humanité, en encourageant les enfants à croire en un avenir meilleur et à garder espoir malgré les réalités oppressives de la dictature au Congo. Cette partie de l’œuvre reflète directement le contexte social et politique du Congo entre 1990 et 2010, une période marquée par des conflits internes et une exploitation des ressources humaines et naturelles
L’engagement pédagogique est une composante essentielle de «Réalité(s)», où la danse devient un moyen d’éducation et de sensibilisation. Les ateliers artistiques proposés aux établissements scolaires permettent aux élèves de se familiariser avec le parcours de Tomadiatunga et d’aborder la thématique des enfants travailleurs par le biais de la danse. Ces ateliers visent à créer un parallèle entre les expériences des enfants dans les mines de coltan en RDC et celles des enfants travailleurs en Europe au 19e siècle, offrant ainsi une perspective historique qui relie le passé au présent. Cette approche pédagogique renforce la prise de conscience des jeunes générations sur les injustices sociales et les incite à réfléchir sur les moyens de lutter contre l’exploitation enfantine
Dans «Réalité(s)», la danse est utilisée comme un miroir reflétant les réalités congolaises. Elle illustre non seulement les défis auxquels sont confrontés les enfants dans les mines de coltan mais sert également à dépeindre le contexte socio-économique complexe de la RDC. La performance met en lumière les conséquences de l’extraction du cobalt sur la vie des enfants et souligne la responsabilité des entreprises internationales dans cette chaîne d’exploitation. Par ce miroir artistique, Tomadiatunga dénonce l’inaction face aux violations des droits humains tout en interpellant le public sur son rôle dans ce système globalisé. La création «Réalité(s)» établit ainsi un lien entre l’art et l’activisme, où chaque mouvement de danse devient un acte de résistance contre l’oppression ( ).
En conclusion, «Réalité(s)» est une œuvre qui utilise la danse comme moyen d’expression pour une minorité opprimée, tout en menant un combat pour les droits de l’homme. Elle incarne un engagement humanitaire, pédagogique, et politique, reflétant le contexte social du Congo entre 1990 et 2010. Par cette création, Gervais Tomadiatunga offre non seulement une plateforme pour sensibiliser le public aux réalités difficiles des enfants-soldats et travailleurs dans les mines de coltan, mais il fournit également un espace pour l’espoir et la résilience humaine.
Une église comme salle de spectacle. Une église en label artistique. Voilà comment la Judson Church, située à Washington Square, à New York, s’est faufilée dans l’histoire de l’art le 6 juillet 1962. Sans le savoir d’abord – il s’agissait de simples ateliers de danse dirigés par le chorégraphe et musicien Robert Dunn – ; en l’assumant ensuite – au gré de soirées de performances de plus en plus fréquentées jusqu’au milieu des années 1960 – pour devenir le Judson Dance Theater.
Dans le noyau dur de ce qui va devenir un collectif contestataire de premier plan : les danseurs Trisha Brown, Lucinda Childs, David Gordon, Simone Forti, Deborah Hay, Steve Paxton, Yvonne Rainer… « Après deux années passées à travailler, entre 1960 et 1962, nous avions créé une variété de danses, se souvient Steve Paxton, figure du groupe et maître en improvisation. Nous avons donc décidé de les présenter dans le cadre d’un rendu d’atelier à la Judson Church. Et cela a continué pendant plusieurs années. »
Ces débuts spontanés et modestes basculent dans le manifeste esthétique. Le Judson Dance Theater, qui rassemblera musiciens, cinéastes, plasticiens, deviendra le porte-étendard du mouvement postmoderne. Ses injonctions : rejet des conventions spectaculaires, revendication de l’expérimentation à travers l’improvisation. Ces artistes se dressent contre la virtuosité, les formes reproductibles, la hiérarchie danseur-chorégraphe. Ils prônent l’expérience de soi, le processus, le quotidien… Sous l’influence de la chorégraphe californienne Anna Halprin, qui mène dès les années 1950 à San Francisco une recherche sur la notion de « tâches » comme, par exemple, balayer, les actions fondamentales, comme marcher, s’asseoir, deviennent des tremplins de recherche.
« Utiliser une idée déjà vue était combattu »
« Nous n’avions pas automatiquement de grands objectifs précis, commentait Paxton, amusé, en 2014. Nous nous demandions simplement, mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire aujourd’hui ? » Il ajoute, plus sérieusement : « L’originalité de la structure de ce que nous proposions était importante. L’atelier de Robert Dunn travaillait spécifiquement les compositions de John Cage, ce qui explique la forte influence de l’invention structurale. Au-delà de ça, il y avait peut-être aussi une éthique de création personnelle et authentique. Utiliser une idée déjà vue était combattu. »
Parmi les performances historiques du Judson Dance Theater, il faut citer la première soirée du 6 juillet d’une durée de plus de trois heures. Certains interprètes comme Paxton avaient préalablement auditionné pour avoir l’autorisation de danser dans l’église. Au programme : projections de films d’Elaine Summers et de W. C. Fields, des solos de Steve Paxton, David Gordon, Yvonne Rainer… Trois cents personnes assises, pas d’entracte, 35 degrés dans la salle…
« Nous avions eu du mal à décider du programme à coups de multiples parlotes, où Bob Dunn tenait avec sang-froid la barre d’un navire parfois surchauffé, se souvient Yvonne Rainer, dans le livre Terpsichore en baskets, de Sally Banes. A la fin, nous avions atteint un extraordinaire degré d’exultation. Outre l’enthousiasme du public, l’église semblait une bonne solution de rechange à la location, une fois par an, d’une salle pour se produire, système empoisonnant pour le danseur moderne fauché. Dans ce lieu, nous pouvions nous présenter plus souvent, de manière plus informelle, à moindres frais, et d’une manière plus coopérative, ce qui était le point le plus important. »
Esprit démocratique
Si la Judson Church reste la plate-forme la plus repérée du collectif, elle est parfois mise en concurrence. La « Dream Team », de plus en plus grosse – le plasticien Robert Rauschenberg en devient membre en 1963, jonglant entre les rôles d’éclairagiste et même de danseur – se produit aussi dans d’autres endroits. La soirée « glorieuse », selon Steve Paxton, d’America on Wheels (1963), d’une durée de quatre heures et quinze minutes, eut lieu sur une piste de patinage à roulettes, à Washington DC. Quant à Open Score (1966), de Rauschenberg, dans laquelle le traitement du son des balles de tennis contre les raquettes était amplifié (avec Paxton au mixage), elle fut présentée à l’Armory, à New York.
La règle du jeu entre les participants est précise. « Bien sûr, il y avait des considérations pratiques à préciser comme la date, le planning, les lumières et le son, et même dans une certaine mesure les pièces que l’on choisissait de montrer, raconte Steve Paxton. Tout était réglé par The Quaker Method, au gré de laquelle chaque commentaire était entendu et si possible pris en compte. » Esprit démocratique que le succès va en partie exploser, le groupe initial s’éparpillant dès la fin de l’année 1963, selon Sally Banes. Même si des performances des uns et des autres continueront à être programmées jusqu’en 1966. « J’admirais certains artistes mais j’en trouvais d’autres fatigants, reconnaît Paxton. Mais comme notre méthode évitait tout jugement et cherchait d’abord à accommoder tout le monde… Loin du Judson, j’ai ensuite produit des performances plus choisies. »
AUJOURD’HUI, L’ESPRIT CRITIQUE DU JUDSON DANCE THEATER SOUFFLE ENCORE SUR LES NOUVELLES GÉNÉRATIONS
De ces années glorieuses, extravagantes et libres, certains de ces chorégraphes sortiront armés pour attaquer leur propre parcours. Paxton approfondira le contact-improvisation, devenant la figure de ce mouvement « qui aurait pu porter son nom », assénait le chorégraphe Mark Tompkins en 2014 lors de la remise du Lion d’or de la Biennale de Venise. Trisha Brown commence à concevoir les Equipment Pieces (1968) sur les buildings de New York avant de réintégrer la boîte noire. Lucinda Childs, complice de Bob Wilson dès 1976, va huiler une mécanique de transe sur des musiques de Philip Glass. Loin, très loin de sa performance Carnation (1964) dans laquelle une femme se goinfrait d’éponges multicolores. « J’ai conservé du Judson la discipline et la rigueur, confie Childs. Le sens aussi de l’économie du mouvement. »
Aujourd’hui, l’esprit critique du Judson Dance Theater souffle encore sur les nouvelles générations. Cette « esthétique du refus », selon la formule de Sally Banes, a influencé les chorégraphes de la « non-danse », au milieu des années 1990, comme Jérôme Bel et Boris Charmatz qui brandirent certains des mêmes principes comme la remise en question de la virtuosité et du spectaculaire. En 2000, grâce à Mikhail Baryshnikov, on découvrait le spectacle Past Forward, projet multimédia monté par la star de la danse autour des avant-gardes américaines des années 1960. Dédié à ces « aventuriers de la forme et du contenu », selon sa formule, ce spectacle pédagogique compilait une quinzaine de séquences signées par sept chorégraphes. Régal et excitation de voir Chair Pillow (1969), d’Yvonne Rainer, qui réduisait sa vie au strict minimum. Flat (1964), de Steve Paxton, solo d’un homme porte-manteau, était interprété par Baryshnikov lui-même. Scénario réduit, ampleur gestuelle maxi, histoire en direct.
Argumentez
1. A partir de l’œuvre de Maguy Marin, répondez à la question suivante:
En quoi Maguy Marin questionne les enjeux sociétaux globaux dans son œuvre ?
2.A partir de vos connaissances, proposez trois chorégraphies contemporaines (années 2000 à aujourd’hui) ayant dénoncé les enjeux globaux - Présentation à l’oral
Depuis l’an 2000, le monde a été témoin de transformations profondes et rapides, façonnées par la globalisation, les avancées technologiques, les crises économiques, les changements climatiques, et les mouvements sociaux. Ces transformations ont donné naissance à des enjeux sociétaux mondiaux majeurs. Cinq d’entre eux se démarquent particulièrement : le changement climatique, l’inégalité économique, la révolution numérique, les conflits et la paix, ainsi que la santé publique.
Le changement climatique est sans doute l’un des défis les plus critiques de notre époque. Il représente une menace existentielle pour les écosystèmes, les économies et les sociétés à travers le monde. L’augmentation des températures, les phénomènes météorologiques extrêmes, la montée des eaux, et la perte de biodiversité sont des manifestations concrètes de ce changement. L’Accord de Paris de 2015, visant à limiter le réchauffement climatique bien en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels, est un exemple de la réponse globale à cet enjeu. Toutefois, malgré ces efforts, les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, soulignant la nécessité d’une action plus rapide et plus ambitieuse.
L’inégalité économique, à la fois entre les pays et au sein des sociétés, s’est accentuée depuis l’an 2000. La mondialisation a certes contribué à la réduction de la pauvreté dans certaines régions, mais elle a également engendré une concentration accrue de la richesse. Les 1% les plus riches de la population mondiale possèdent désormais plus de richesses que les 99% restants. Cette inégalité croissante alimente le mécontentement social, l’instabilité politique, et freine le développement durable. Les manifestations des «gilets jaunes» en France en 2018-2019 sont un exemple de la façon dont l’inégalité économique peut conduire à des troubles sociaux.
La révolution numérique, marquée par l’avènement d’Internet et des technologies de l’information et de la communication, a transformé la société à une vitesse sans précédent. Elle a remodelé la manière dont nous communiquons, travaillons, et interagissons. Si elle offre des opportunités immenses en termes d’accès à l’information et d’innovation, elle pose également des défis majeurs, notamment en termes de sécurité des données, de vie privée, et de fracture numérique. L’affaire Cambridge Analytica en 2018 a mis en lumière les risques liés à l’utilisation des données personnelles dans les processus politiques.
Le début du XXIe siècle a été marqué par une série de conflits armés, de tensions géopolitiques, et de terrorisme. Les guerres en Afghanistan et en Irak, le conflit syrien, et les attaques terroristes à travers le monde ont non seulement causé d’immenses souffrances humaines mais ont également déstabilisé des régions entières. La montée de l’extrémisme et du nationalisme dans certaines parties du monde pose un défi majeur à la paix et à la sécurité internationales. Les efforts de paix, comme les accords d’Abraham signés en 2020 entre Israël, les Émirats arabes unis et Bahreïn, sont cruciaux pour la résolution de ces tensions.
La pandémie de COVID-19, survenue fin 2019, a révélé la vulnérabilité des sociétés modernes face aux menaces sanitaires globales. Elle a mis en évidence l’importance de la coopération internationale et de systèmes de santé publique solides. Les impacts de la pandémie sur l’économie mondiale, l’éducation, et le bien-être mental sont profonds et se feront sentir pendant des années. La campagne de vaccination mondiale contre le COVID-19, l’une des plus vastes de l’histoire, illustre la capacité de la communauté internationale à répondre collectivement à une crise sanitaire.
Ces enjeux globaux sont interconnectés et nécessitent des réponses coordonnées et multidimensionnelles. Les défis du XXIe siècle exigent une coopération internationale renforcée, une gouvernance mondiale efficace, et l’engagement de tous les acteurs de la société, des gouvernements aux citoyens, pour bâtir un avenir plus durable et équitable. La manière dont nous répondrons à ces enjeux déterminera le cours de l’histoire humaine dans les décennies à venir.
Dans un monde où l’urgence écologique devient de plus en plus palpable, l’art se présente comme un vecteur puissant de sensibilisation et de mobilisation. La pièce «Umwelt» de Maguy Marin, inscrite sous le signe d’ArtCOP21, constitue un exemple éloquent de la manière dont le spectacle vivant peut engager le spectateur dans une réflexion profonde sur les enjeux environnementaux. À travers une mise en scène immersive et une symbolique forte, «Umwelt» incite à une prise de conscience aiguë des défis écologiques et appelle à une action résolue.
La pièce «Umwelt» plonge les spectateurs dans un environnement apocalyptique où le chaos et la destruction de la planète sont mis en avant de manière frappante. La sobriété et l’efficacité de la mise en scène, où les détritus s’accumulent insensiblement, créent un contraste saisissant avec l’inconscience des personnages, engagés dans des activités destructrices. Cette représentation visuelle forte sert de miroir à notre propre réalité, incitant le public à une introspection sur son rôle dans la dégradation environnementale et l’urgence d’inverser cette tendance.
Les éléments scéniques d’»Umwelt», notamment l’utilisation de souffleries produisant un vacarme infernal et la présence oppressante de détritus, sont chargés d’une symbolique puissante. Ils représentent le souffle destructeur de l’histoire humaine sur l’environnement et la transformation progressive de notre monde en un «pathétique capharnaüm». Cette symbolique n’est pas seulement une critique de l’inconscience humaine mais sert également d’appel urgent à l’action. En confrontant le public à ces images choquantes, Maguy Marin vise à éveiller une prise de responsabilité collective pour adopter des comportements plus respectueux de notre planète.
La labellisation d’»Umwelt» sous le logo ArtCOP21 inscrit la pièce dans un contexte plus large de mobilisation culturelle autour des enjeux climatiques mondiaux. Cette reconnaissance souligne le rôle crucial que peut jouer l’art dans la sensibilisation et la mobilisation du public face aux défis écologiques. En se positionnant comme un événement culturel clé pendant la COP21, «Umwelt» bénéficie d’une plateforme amplifiée pour diffuser son message, renforçant ainsi son potentiel à inspirer des changements concrets dans les attitudes et les actions du public envers l’environnement.
À travers «Umwelt», Maguy Marin ne se contente pas de dépeindre les ravages écologiques engendrés par l’humanité ; elle engage activement le spectateur dans une réflexion critique sur sa propre contribution à ces problématiques et sur les moyens d’y remédier. La mise en scène immersive, la symbolique des éléments scéniques et le contexte d’ArtCOP21 convergent pour faire de cette pièce un puissant vecteur de prise de conscience et d’appel à l’action. En définitive, «Umwelt» illustre magistralement comment l’art peut servir de catalyseur pour une transformation sociale et environnementale nécessaire et urgente.
La pièce de danse contemporaine «Ligne de Crête» de Maguy Marin met en scène une critique incisive de la surconsommation, un des enjeux majeurs de notre temps. À travers une chorégraphie méticuleusement conçue, Marin utilise le langage du corps et un décor symbolique pour refléter l’obsession matérialiste de la société moderne. Cet essai examine comment «Ligne de Crête» utilise la danse pour dépeindre et dénoncer la surconsommation.
Dans «Ligne de Crête», Maguy Marin emploie un procédé d’accumulation pour représenter visuellement l’excès caractéristique de la surconsommation. La scène s’ouvre sur un espace vide qui se remplit progressivement d’objets divers, symbolisant la manière dont les biens matériels envahissent et dominent nos vies. Les danseurs interagissent avec ces objets, parfois de manière mécanique et répétitive, reflétant notre propre interaction aveugle avec le consumérisme. En plaçant les figures de Karl Marx et Sigmund Freud parmi ces objets, Marin suggère que même les idées les plus révolutionnaires peuvent être réduites à de simples produits dans notre culture de masse.
Les mouvements des danseurs dans «Ligne de Crête» sont délibérément mécaniques et répétitifs, illustrant la manière dont la surconsommation nous réduit à des automates dans nos comportements d’achat. Le spectacle utilise les corps pour montrer comment la liberté individuelle est restreinte par les désirs créés par la société de consommation. Les danseurs semblent souvent submergés par les objets, perdant leur identité au milieu du chaos matériel, ce qui symbolise la perte de sens face à l’abondance des biens.
La scénographie de «Ligne de Crête» est une métaphore directe de l’environnement saturé dans lequel nous vivons. L’espace scénique se transforme en un paysage post-moderne où les produits consommables s’accumulent jusqu’à créer une forme de pollution visuelle. Cette saturation est à l’image de notre monde où les publicités et les produits remplissent chaque espace disponible, nous incitant à consommer toujours plus. L’esthétique chaotique du décor est ainsi en parfaite adéquation avec le message que Marin cherche à transmettre.
«Ligne de Crête» est une œuvre puissante qui utilise le médium de la danse pour critiquer la surconsommation. L’accumulation d’objets, la chorégraphie des danseurs et la scénographie travaillent ensemble pour créer une représentation viscérale des effets déshumanisants du consumérisme. Maguy Marin réussit à transformer une performance artistique en un commentaire social poignant, invitant les spectateurs à réfléchir sur les implications de leurs propres habitudes de consommation.
Le film «L’urgence d’agir» sur l’œuvre de Maguy Marin est un documentaire puissant qui s’attaque à des enjeux cruciaux de notre époque. À travers le prisme de la danse contemporaine, ce film explore des thématiques telles que la crise écologique, les inégalités sociales et la perte de sens dans les sociétés modernes. Dans ce commentaire, nous analyserons le film en trois axes principaux : la critique sociale, l’alerte écologique, et la quête de sens, en replaçant chaque axe dans le contexte de la société actuelle.
Le premier axe d’analyse du film «L’urgence d’agir» réside dans sa vive critique sociale. Maguy Marin, à travers ses chorégraphies, met en lumière les disparités et les injustices croissantes dans nos sociétés. Dans un monde où le fossé entre les riches et les pauvres s’élargit, l’œuvre de Marin rappelle l’importance de la solidarité et de l’empathie. Cette critique s’ancre profondément dans le contexte actuel de montée des populismes et de l’individualisme exacerbé, où la cohésion sociale semble s’effriter. L’urgence d’agir, dans ce cadre, fait écho à la nécessité de reconstruire du lien social et de repenser nos modèles économiques pour plus d’équité.
Le deuxième axe se focalise sur l’alerte écologique que le film lance. En utilisant la danse comme moyen d’expression, Marin parvient à communiquer l’urgence de la situation environnementale. Les mouvements des danseurs, souvent chaotiques et désordonnés, peuvent être interprétés comme une métaphore de la destruction progressive de notre planète. Cette dimension du film s’inscrit parfaitement dans le contexte actuel de crise climatique, où la nécessité d’agir rapidement et efficacement est plus pressante que jamais. «L’urgence d’agir» appelle à une prise de conscience collective et à l’adoption de comportements plus respectueux de l’environnement, soulignant l’importance de la responsabilité individuelle et collective dans la lutte contre le réchauffement climatique.
Enfin, le troisième axe explore la quête de sens qui traverse le film. Dans un monde hyperconnecté mais souvent dénué de véritables connections humaines, «L’urgence d’agir» questionne notre rapport à la vie, au travail et à la communauté. Ce thème est particulièrement pertinent dans le contexte de la société contemporaine, où beaucoup ressentent un vide existentiel malgré l’abondance matérielle. Le film, à travers les performances émotionnellement chargées des danseurs, invite à une introspection sur ce qui compte réellement dans la vie. Il suggère que la réponse à l’urgence d’agir ne réside pas seulement dans des actions extérieures, mais aussi dans un changement intérieur, dans la manière dont nous percevons et interagissons avec le monde autour de nous.
En conclusion, «L’urgence d’agir» de Maguy Marin est un film poignant qui, à travers le langage universel de la danse, aborde des problématiques essentielles de notre temps. En critiquant les inégalités sociales, en alertant sur la crise écologique et en questionnant notre quête de sens, le film nous interpelle et nous invite à réfléchir sur notre rôle dans la société. Il souligne l’importance de l’action collective et de la solidarité pour faire face aux défis de notre époque, nous rappelant que l’urgence d’agir est plus actuelle que jamais.
Dans une mise en scène minimale et frontale, Maguy Marin vise à interroger l’impact de la profusion d’informations et du capitalisme sur les corps et les esprits, à l’ère de la communication de masse.
Dans Deux-mille vingt-trois, sorte de précipité de notre époque, Maguy Marin dénonce, frontalement, le déluge d’information auxquels nous sommes soumis, gavés pourrait-on dire. Et tout y passe par écran interposé, objet culte de notre nouveau Dieu : le capitalisme financier. Tout commence dans la nuit où cognent marteaux et enclumes, où sont plongés les danseurs comme des travailleurs de l’ombre, ceux que l’on a nommés, il n’y a pas si longtemps « essentiels ». Ce bruit, c’est celui de la fabrique de billets de la Banque de France, qui occupe un téléviseur dans l’angle à cour du plateau. Cet écran, omniprésent, est celui où s’affichent les portraits des « neuf milliardaires possédant la majorité des média privés : Bernard Arnault, Xavier Niel, Patrick Drahi, Vincent Bolloré… ». Car ce que la chorégraphe a dans son viseur, c’est la supposée mainmise de médias (ici tous indifférenciés) qui contrôleraient et alièneraient nos esprits. Les textes écrits et dits par les danseurs égrènent sans fin des bribes de sens aux éclats funèbres tandis que l’argent frappe et claque, que la main d’œuvre s’échine.
Un spectacle électrochoc
Sur cet écran apparaissent les têtes des « coupables », dans un vaste salmigondis à l’image des réseaux sociaux, où se télescopent sans filtre les époques et les causes. On y pointe d’un même mouvement la Guerre d’Algérie et le 17 octobre 1961 associés aux visages des sus-cités milliardaires, ceux de Léa Salamé et Natacha Polony, Stéphane Bern et Gérald Darmanin, la fusillade du 1er mai 1891 à Fourmies, le commerce triangulaire et Frédéric Beigbeder, Edward Bernays, neveu de Freud et inventeur de la propagande, et Sarah El Haïry, dans des raccourcis qui interpellent. Il n’y a pas de danse, en tout cas pas dans le sens où on l’entend, dans ce monde déboussolé. Et en effet, Maguy Marin choisit de ne pas chorégraphier les « mass media » et leur effets massifs, de ne pas danser sur un volcan prêt à exploser. Régulièrement, intervient une figure de démon façon Nô japonais, accompagné de son waki qui le meut ou le manipule par derrière. Selon la décoration qu’il porte sur la tête nous savons à quel avatar du diable nous avons affaire : le sigle du nucléaire, les gafas, un char, un bateau, des banques, des billets et finalement des journaux… Ce personnage irréel et menaçant qui agite son éventail de billets raconte l’instrumentalisation des foules et la fascination pour l’argent. Se résigner ou résister ? Dénoncer ou accepter ? Tel est le choix qu’impose Maguy Marin dans ce spectacle en forme de battage, qui d’un même mouvement dénonce et assène une propagande.
Agnès Izrine
Comment les chorégraphes du 20 -ème et 21 -ème siècle dénoncent ils les dérives de la société dans leurs œuvres chorégraphiques ?
A rendre (Individuel - fin de séquence):
Dissertation
Co évaluation
Sujet: Comment les chorégraphes du 20 -ème et 21 -ème siècle dénoncent ils les dérives de la société dans leurs œuvres chorégraphiques ?
A partir de la grille d’évaluation des épreuves écrites du baccalauréat, corriger, noter et commenter les copies de vos camarades.