Écriture chorégraphique: Sophie Martinez
Assistant chorégraphe : Timéo Basin
Danseurs: Timéo, Camélia, Jeniffer, Léane, Aela, Prune, Orlane, Lucrezia, Antonia, Maréva, Hippolyte, Esteban
Artiste plasticienne: Mathilde Lemaitre
Musique: Le Studio NOVA & NOSTRA Music Production
Conseillère Artistique: Ariane Dupuy
Ma grand mère s’appelle Libertad Martinez.
Nous étions toutes les deux autour de la table du salon, un samedi, nous attendions des nouvelles de mon grand père, nous étions inquiètes. J’ai sorti mon téléphone, téléchargé une application d’enregistrement vocal et je lui ai demandé de me raconter son histoire et celle de pépé. De mon beau rossignol. Elle a sorti les quatre énormes albums photos, tout y était mélangé, un peu comme son récit.
Entre les coups de téléphone de la famille qui venait aux nouvelles cet après-midi là, voilà tout ce qu’elle a bien voulu me raconter.
Ce sont ses mots.
J’ai décidé d’enregistrer les récits de ma grand-mère car je me sentais vide, j’ai eu comme une sensation d’urgence à les retenir, à les écrire. Lorsque j’ai rédigé le livre sur l’histoire de mon beau Rossignol, j’ai réalisé toutes ces recherches, retrouvé ces affiches, ces journaux, mais aussi tous ces pans d’histoire que j’avais oubliés ou que je ne connaissais pas, sinon très mal.
J’ai comme la sensation que je ne veux pas le laisser partir, continuer à y penser tous les jours, remplir le vide par de la poésie, le manque par de la créativité.
J’ai donc proposé à mes anciens de m’accompagner dans cette démarche. Timéo, en tant qu'assistant chorégraphe, et Camélia ont dit oui tout de suite et les nouveaux, Léane, Aela, Jeniffer, Lucrezia, Prune, Orlane, Antonia, Mareva, Hippolyte et Esteban ont suivi.
Lelabodart est un collectif, toute l'équipe a suivi, Flo, compositeur & vidéaste drone, Seb & Nico pour la composition musique & mixage, Mathilde, artiste plasticienne Ariane Dupuy, conseillère artistique et tous les soutiens, Monique, mon père, ma mère et tous les autres.
Lelabodart ayant une visée humaniste et pédagogique, nous vous proposons de suivre le livret du processus de création en ligne, et éventuellement de nous soutenir dans cette réalisation.
Lelabodart a pour ambition de faire vivre des expériences humaines et artistiques autour de la danse, des recherches sur le mouvement, de l’interaction entre les arts et des vidéos-danse.
Laisser des traces, transmettre, nous offrons un espace d'expression, de ressources et de formations, qui permet à chacun et surtout à tous les jeunes que nous croisons, de développer leur créativité, de déployer leur potentiel, de trouver le juste chemin dans leur mouvement. Nous espérons qu’ils y trouveront toujours un lieu de convivialité et un espace de création dans lequel nous pouvons continuer à les guider.
Rossignol est un projet de création mais aussi un projet humaniste, s'inspirant des récits de Libertad Martinez. Il questionne les souvenirs, se perdant dans les pensées, évoquant le passé, la guerre, une histoire dans l'Histoire. Et surtout il parle de la vie, de l'amour, de la femme, de la beauté dans le chaos, de transmission, de mémoire.
Remplir le vide par de la poésie, le manque par de la créativité. Toujours rester en mouvement.
La pièce est structurée en six duos représentant l'histoire d'amour d’Émile et Lili, entrecoupés de scènes faisant référence à la grande Histoire et à un regard poétique porté sur la vie.
L'introduction et la conclusion font référence aux souvenirs égarés, qui se perdent, et que l'on rassemble par la transmission et la mémoire
Tous les danseurs sont présents sur scène tout au long de la pièce.
Kiosque mobile se "dépliant"
Accumulation d'affiches (souvenirs) sources d'inspiration des différentes scènes suivant le principe de l'affichisme.
Atelier de création plastique
Rassembler les souvenirs d'une mémoire qui se perd, la mémoire d'Emile, celui qui sifflait comme un rossignol.
Les Lili
Choisissez 1 passage de la pièce
Procédés de composition rattraper relâcher "Accrocher les souvenirs"
Quel serait le souvenir que vous voulez raconter?
Improvisation: Je peux réaliser mon souvenir - trouver l'état de corps et mouvement, ou prendre un temps de vide et se laisser traverser par le souvenir (mouvement) d'une autre
Accumulation danseurs vers un rattrapé de mouvement choisi par le groupe.
Emile :
La mémoire qui s'échappe, qui s'éparpille.
Thème improvisation:
Froisser, tordre, distordre, couper, découper, déconstruire, inverser l'ordre.
Musique 5-7 minutes
horloge + rythme
"Ma tante, répond
— Moi je ne dis rien. Demandez lui à la petite ce qu’elle veut.
— Qu’est-ce que tu voudrais? Passer une semaine ici une semaine là? Qu’est-ce que tu veux faire toi?
— Moi je veux rester ici chez moi, c’est comme ça que j’ai répondu.
Et ma tante leur a dit
— Et bien écoutez, où on mange trois, on mangera quatre."
Tour à tour solo de femmes
Tirer au sort (ou choisir) une "Lili" en ouvrant le livret au hasard ou en le feuilletant.
Avec le groupe:
Réaliser une composition en temps limité (10 minutes) en intégrant trois mouvements issus du flamenco choisi par le groupe.
Chœur
Les Emile performance plastique sur les affiches.
Les filles création d'une phrase chorégraphique, danser dans le même temps, mais en modifiant les directions (régulièrement).
"C’est en prenant de l’âge que je me suis demandée, bon Dieu comment ils ont pu faire ça?
Ils ne voulaient pas de moi c’est tout."
Création collective à construire
"Je suis partie le 14 avril 1950, je suis partie et ça m'est restée gravé dans la tête parce que j'ai pris l'avion à quatre heures quarante cinq et j'arrivais à Alger à à quatre heures quarante cinq. Comment ça se faisait ça?"
Deux solos (duo) avec résonance en duo
Chœur
Déambulation sur le contexte de la guerre d'Espagne
Travail autour de la géométrie des lignes qui représentent les frontières
"Il a fallu qu’on se cache dans dans nos chambres et qu’on reste enfermée là-bas. Et le lendemain matin, on croyait qu’il allait y avoir quelque chose. On s’est levée il n’y avait plus rien, même pas une lentille par terre. Dans la nuit, ils ont tout emporté, c’était pendant la guerre tout ça."
Chœur:
Travail de composition "Défilé" à partir de l'extrait de "Pour qui sonne le glas" et affiches du parti socialiste.
La marche
L'opposition
Le poids du groupe
Ernest Hemingway, Pour qui sonne le glas.
Maria raconte à Robert Jordan ce qui lui était arrivé quand les Franquistes ont exécuté les Républicain de son village. Son père, le maire du village, et sa mère tous les deux Républicains, ont été fusillés par les Franquistes. Elle raconte ce qui suit leur mort.
"[...] Nous étions attachées par les poignets, une longue file de jeunes filles et de femmes, et ils nous poussaient sur la colline, à travers les rues, jusqu'à la place. Sur la place, ils se sont arrêtés devant une boutique de coiffeur qui était en face de l'hôtel de ville. Là, les deux hommes nous ont regardées et l'un a dit : " celle-là, c'est la fille du maire " et l'autre a dit : " commence par elle. " Alors ils ont coupés la corde de chaque côté de mes poignets et l'un a dit : " refermez la ligne ". Ces deux là m'ont prise par les bras et m'ont fait entrer dans la boutique du coiffeur, et ils m'ont soulevée pour me mettre dans le fauteuil et ils m' y ont maintenue. Je voyais ma figure dans le miroir, et la figure de ceux qui me tenaient, et la figure des trois autres qui se penchaient sur moi, et je ne les connaissais pas. Dans la glace, je me voyais et je les voyais aussi, mais eux ne voyaient que moi. J'avais l'impression d'être dans un fauteuil de dentiste et qu'il y avait plusieurs dentistes, tous fous. Ma figure, c'est à peine si je la reconnaissais à cause du chagrin qui l'a changeait, mais je la regardais et je savais que c'était moi. Mais j'avais tellement de chagrin que je n'avais pas peur, je ne sentais rien d'autre que mon chagrin. Dans ce temps là j'avais deux nattes, j'ai vu dans la glace qu'un homme levait une des nattes et il l'a tirée si fort que ça m'a fait mal, tout d'un coup, à travers mon chagrin, et il l'a coupée tout près de la tête avec un rasoir. Et je me voyais avec une seule natte et une touffe de cheveux à la place de l'autre. Et puis il a coupé l'autre natte mais sans la tirer, et le rasoir m'a fait une petite entaille à l'oreille, et j'ai vu le sang qui coulait. [...] Donc, il avait coupé les deux nattes tout près de ma tête avec un rasoir, et les autres riaient, et je ne sentais même pas cette coupure à l'oreille, et alors il est venu devant moi et il m'a frappée à travers la figure avec les nattes, pendant que les autres me tenaient, et il disait : " c'est comme ça qu'on fait des nonnes rouges. Ça t'apprendra à t'unir avec tes frères prolétaires. Epouse du Christ Rouge ! " Et il m'a giflée encore et encore avec ces deux nattes qui avaient été à moi, et puis il me les a mises toutes les deux dans la bouche et les a nouées serrées autour de mon cou pour faire un bâillon et les deux qui me tenaient riaient. Alors, celui qui m'avait frappée m'a passé une tondeuse sur tout le crâne ; d'abord depuis le front jusqu'à la nuque, puis en travers sur toute la tête et derrière les oreilles, et ils me tenaient de façon à ce que je voyais, et je pleurais et je pleurais, mais je ne pouvais pas détourner les yeux de l'horreur de ma figure, avec le bouche ouverte et les nattes qui en sortaient, et ma tête qui sortait nue de sous le tondeuse. Et quand il a eu fini, il a pris le flacon d'iode sur l'étagère du coiffeur, ils avaient tué le coiffeur aussi, parce qu'il faisait partie d'un syndicat ; il était étendu devant la porte de la boutique, et ils me l'avaient fait enjamber quand ils m'avaient amenée là, et alors, avec le pinceau du flacon de teinture d'iode, en dessinant les lettres lentement et soigneusement comme un artiste, et je voyais tout cela dans la glace et je ne pleurais plus parce que mon cœur était de nouveau glacé à cause de mon père et de ma mère, et ce qui m'arrivait maintenant n'était rien, et je le savais."
Ernest Hemingway, Pour qui sonne le glas.
https://tpe-l-espagne.skyrock.com/2257511847-Etude-d-un-passage-de-Pour-qui-sonne-le-glas.html
En 1936, Dali peint également Cannibalisme de l’automne, œuvre à propos de laquelle, il évoque à nouveau la guerre civile espagnole : "Ces êtres ibériques s’entre dévorant en automne, expriment le pathos de la guerre civile considérée( par moi) comme un phénomène d’histoire naturelle à l’opposé de Picasso qui la considérait comme un phénomène politique." (propos rapportés par R. Descharnes dans Dali de Gala)
Orlane au centre représente l'Espagne.
Chœur
Définir les qualités de corps en lien avec le tableau Le cannibalisme de Dali
Accumulation de geste.
Gestuelles fluide "le ver".
"Comment je m’habillais pour aller au bal?
Ma mère nous faisait de belles choses. C’était l’époque où l’on faisait beaucoup de robes, de jupes à fleur juste en bas du genoux, alors ma mère nous faisait un petit haut avec un bout de drap, elle rajoutait une dentelle, on avait tout d’ajusté.
Et j’avais toujours mes talons parce que j’adorai les talons."
L’éveil - Vers une montée très progressive de l'effervescence, se préparer pour aller au bal.
Chœur
Danse théâtre - le départ/la préparation du bal.
Changement, prise de conscience comme lorsqu'on se réveille d'un cauchemar, encore dans le rêve mais la réalité rassurante.
Le mètre, la mesure, la couture, les robes, changement de tenue.
Silence puis des sons de bal progressif (de loin puis de plus en plus proche).
"On allait au bal et on dansait, le tango, le chachacha, le rock-and-roll, mais moi je ne savais pas danser le rock.
Il y avait le kiosque au milieu et dans le kiosque il y avait l’orchestre.
Il venait un orchestre tout l’été et on dansait sur la place, tout était libre, il n’y avait rien de fermé et il y avait les bars qui faisaient tout le tour de la place et les gens s’asseyaient là, ils buvaient, ils consommaient et nous on dansait.
C’était une vie saine, tu vois …"
Composition autour de la corrida,
Entre puissance et sensualité
Rythme
- marche sur 3/ impulse ou impact sur le 4
- trouver le rythme être capable de se retrouver même si on se perd
- de l’extérieur à l’intérieur en cercle
- phases d'improvisations
Rueda cubaine;
6 mouvements de 3*8 temps + 1*8 temps de replacement (temps de l'annonce du mouvement suivant)
Annonces des changements de gestes
- principes: rueda cubaine
"Je terminais toute la soirée avec elle et avant de partir il fallait bien que je l'embrasse car j'en mourrai d'envie et elle ne voulait pas. Mais comme je suis plus malin qu'elle, à l’entracte j'allais déposer ma moto chez son amie Josette (n°2) et à la fin du bal j'allais la reprendre c'est alors que je pu savourer ses lèvres malgré qu'elle se débattait , je lui donnais un autre petit baiser et je reparti avec mon camarade Robert pour Boufarik."
Le duo
A partir du texte
Chœur
En duo
Ralenti en écho
Un soir d'été alors que je m'ennuyais, Je décidais avec mon camarade Robert d'aller danser à Mahelma, nous fîmmes le plein d'essence à la moto, et en route. Aussitôt arrivés à Mahelma, un léger pressentiment me vint, ici, il n'y a rien de bon, peut être qu'à Fouka ville on s'amusera un peu mieux.
Oh Robert, On va à Fouka...! Si tu veux. On monte sur la moto et nous partons. La nuit était froide mais nous avions assez de courage pour arriver 20 minutes plus tard , nous étions à Fouka, debout à l'entrée du bal. Je fis une seule danse, pas plus que mon camarade Robert, et nous décidions de repartir quand tout à coup, deux petites proies se présentaient à mes yeux. Ha ha Robert, voilà notre soirée assurée. Vite je m'empressais d'aller inviter celle qui m'avait plu. Je faisais usage de mon baratin, je la bourrais de questions, elle ne savait que répondre, elle me disait qu'elle était fiancée à un morceau d'Espagnole, je ne prêtais pas attention puisqu'en moi-même je pensais que c'était du bleuf. Elle était assez jolie, elle avait une façon de me regarder qui me rendait un peu amoureux. Quand la soirée fut terminée un amical au revoir fut échangé, sans malice. Le lendemain je ne puis rester au bal, un accident de moto m'obligeais à retourner à Boufarik. Le lendemain, me revoilà au bal, Elle était là, toute belle qui m'attendais, je faisais deux ou trois danses et paratgeais ma soirée avec ma blidèenne. Elle était toute joyeuse que je sois tout prés d'elle, mais il fallait bien partir, je lui proposais de la revoir à Blida, Au révoir, au revoir. 2 semaines se passérent; la troisiéme je me rendais à Blida avec mon camarade qui lui avait fait autant que moi. Nous tombons nez à nez avec nos deux petites trouvailles, nous faisions un tour sur le boulevard , un deuxiéme, mais il était tard , elles devaient rentrer , nous nous donnions rendez vous à N.Haroueli. Elle faillit me briser la main tellement elle me la serrait. Au revoir ma petite Lilii et à Bientôt à Haroueli.C'était d'accord. Voilà que quelques jours plus tard , je me rendais à Masoueli mais une amie d'Alger (Josette n°1) était avec nous et voulait à tout prix danser avec moi, ce qui ne plaisait pas à ma petite cavaliére, je refusait donc de danser avec elle Je pus m’apercevoir ainsi qu'elle tenais déjà un peu à moi car elle me dévisageais d'un air mécontent. Je terminais toute la soirée avec elle et avant de partir il fallait bien que je l'embrasse car j'en mourrai d'envie et elle ne voulait pas. Mais comme je suis plus malin qu'elle, à l'entract j'allais déposer ma moto chez son amie Josette (n°2) et à la fin du bal j'allais la reprendre c'est alors que je pu savourer ses lévres malgré qu'elle se débattait , je lui donnais un autre petit baiser et je reparti avec mon camarade Robert pour Boufarik.
Hors espace temps, une parenthèse un ralenti
2 minutes
horloge + rythme
"On se cherchait, si tu ne voulais pas voir celui là, et bien tu t’en allais de l’autre coté.
Mon père il avait misé sur un Espagnol qui me collait. Il s’appelait Botella.
J’ai dansé une fois avec lui , bouh qu’il sentait mauvais de la bouche, et je pouvais pas et je ne voulais pas, à chaque fois que je le voyais je filais de l’autre coté.
Et je ne voulais pas danser avec lui, il n’y avait rien à faire.
Et le plus beau c‘est que les parents restaient avec nous jusqu’à deux, trois, quatre heures du matin, tant qu’on dansait ils restaient.
Mon père faisait le gendarme, il nous surveillait."
Reprise de l'entrée du bal
Chœur
Marche sur 3/ impulse ou impact sur le 4 jusqu'à la transe / corps libre
Trouver le rythme être capable de se retrouver même si on se perd
De l’extérieur à l’intérieur en cercle
Phases d'improvisations
4 minutes
House ou Techno - il faut que ça reprenne très fort
"Quand je me suis mariée, la première connerie que je fais c’est d’aller m’acheter mes souliers rouges."
Emile
Inducteur: le pied
Chœur
Intention: Mettre en valeur la chaussure
Démarche de création
A partir des différentes postures des croquis créer sa partition corporelle puis composer à plusieurs
"Il était policier. C’était une autre vie.
Il y avait un magasin de chaussure comme celui qu’il y a à Cannes, qui sont tellement chères en face du magasin dans lequel je travaillais.
Il y avait une paire de souliers rouges, une merveille et tout le temps, tout le temps, je passais devant et je voyais ces souliers.
Comme elles étaient tellement chères, elles ne se vendaient pas. Avec ma mère et mon père, il n’y avait pas moyen d’acheter les souliers. "
"Écoutez moi bien, on est marié si elle dépense l’argent bien, tant mieux pour moi, si elle dépense mal, et bien tant pis pour moi, mais laissez la tranquille.
Et ça a été fini. Oui, il était courageux. Il m’aimait, mais beaucoup, tu vois. Il ne supportait pas que je pleure.
Et mon père, il l’a remis en place."
Le duo
Je la protège je la défends
Chœur
Le poids du groupe, le regard, les préjugés
1 minute
Ambiance oppressante
"On s’est rencontré j’avais oh, j’avais pas mes dix-sept ans encore peut être, et on s’est marié j’avais vingt ans et cinq mois donc tout ce temps là regarde. Pendant deux ans et demi au moins, quatre fois par semaine, il a marché quatorze kilomètres au retour pour venir et retourner chez lui, des fois il avait un vélo, mais il partait le plus souvent à pieds."
Le duo
Recherche de connexion
Chœur
Le baiser
"Mais ne t’en fais pas, tu n’as pas d’enfant, et bien tant pis, on s’aime tous les deux et on sera toujours ensemble, et puis on aura des petits neveux.
Je ne pouvais pas avoir d’enfants."
"J’ai vu la guerre d’Algérie, il y avait des familles qui avaient des enfants de vingt, vingt et un ans, vingt-deux ans qui sont partis au régiment qui faisaient peut-être quinze jours et qui ne connaissaient pas ce que c’était que l’armée et on les envoyait en Algérie. Il y en a qui sont revenus et il y en a qui ne sont pas revenus, peut-être que deux mois, un mois et demi après on les ramenait entre quatre planches.
Parce qu’il n’y avait pas la haine pour l’arabe ou pour l’autre, c’était global tout le monde payait et c’est ce qui est arrivé ici. C’est qu’il y avait ces petits soldats qui ne connaissaient rien et qu’ils mettaient carrément dans les fronts comme ça.
On avait une petite loggia qui donnait face à l’hôpital.
Un jour pépé me dit
— Il faut que je mange, que je prenne la douche car il faut que j’aille à l’hôpital passer ma visite médicale.
Ils avaient une visite régulièrement pour les poumons et ils étaient très suivis. Donc il s’en va à l’hôpital et en attendant que ce soit son tour il se fait la balade dehors. Il passe devant une grande fenêtre et il se trouve avec le corps des petits soldats tous alignés. Et d’autres soldats étaient en train de les laver de leur faire des pansements de tous les habiller pour les expédier en France.
Pépé il est revenu il était blanc, il était blanc.
Alors d’un côté, je les ai compris, j’ai compris qu’ils avaient la haine. C’est pour ça qu’ils nous en voulaient en France. Moi je l’ai toujours dit à pépé que c’était pour ça. Après, il y en a qui oublient et il y en a qui n’oublient pas mais celui qui a perdu un enfant et ils ont perdu beaucoup beaucoup beaucoup d’enfants, des petits soldats qui arrivaient et qui connaissaient rien. On les envoyait directement à la montagne. Moi je l’ai compris comme ça, peut-être que les autres ne les ont pas compris pareil. Bien qu’en Algérie, il y ai eu beaucoup de tueries et des choses terribles terribles terribles."
5 minutes
Bruit de bal coupé par des bruits de bombes - la musique de bal s'entend de moins en moins - le poids de la réalité s'impose
"Et c’est là qu’un beau jour, on reçoit une lettre du ministère en nous disant, on vous donne onze heures pour partir. Alors, on a mis quatre chiffons dans une valise, on a mis la clé sous la porte, et on est parti. On a tout laissé là-bas."
Chœur
Composition collective
4 minutes
"Et j’avais toujours une trouille, et je le voyais partir, il mettait la clé sous la porte.
Heureusement qu’il rentrait, on l’a vécu parce qu’on était jeune mais quand même. quand même...
Et voilà avec la diplomatie de pépé et bien il a fait ce qu’il a voulu, il a été là où il voulait et ça passait partout.
La seule chose qui l’intéressait c’était sa famille, il est gentil pour le reste du monde et tout le monde le trouve gentil. Si on demandait un service, il était là, s’il pouvait faire quelque chose, il le faisait."
Duo : la synergie
Chœur: Reprise de certains gestes du duo au ralenti
2 minutes
- horloge + rythme
"Rassembler les souvenirs d'une mémoire qui se perd, la mémoire d'Emile, celui qui sifflait comme un rossignol. Cette mémoire je la transmets"
Le chœur
Choisissez 1 passage de la pièce
Procédés de composition rattraper relâcher "Accrocher les souvenirs" -
Quel serait le souvenir que vous voulez raconter?
Improvisation: Je peux réaliser mon souvenir - trouver l'état de corps et mouvement, ou prendre un temps de vide et se laisser traverser par le souvenir (mouvement) d'une autre
Accumulation danseurs vers un rattrapé de mouvement choisi par le groupe.
Musique 5 minutes
horloge + rythme
Des souvenirs éparpillés, s'organise progressivement une déambulation "envolée", nostalgique mais sereine et poétique.
3 minutes