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Livre numérique
Séance 1 : Comprendre le thème
Séance 2 : Expérimenter le théâtre d’images
Séance 3 : Le théâtre d’image appliqué à Coup de grâce de Kelemenis
Séance 4 : STABILISER et donner du SENS au mouvement
Séance 5 : Évaluation formative
Séances 6 & 7 : S’approprier la démarche de création
Séance 8 : Évaluation sommative
Nul n’a oublié ce qu’il faisait le soir du 13 novembre 2015, des millions de souvenirs gravés par l’effroi des attentats de Paris : nous sortions de scène, heureux… Confusion des émotions. Sous un titre en forme d’oxymore, COUP DE GRÂCE, sept superbes interprètes s’élancent dans une exploration, entre sombre et lumière, des chemins empruntés pour atteindre ce que serait la grâce. Dans le paysage abasourdi d’une actualité contemporaine marquée par la violence de masse, les destructions iconoclastes et les bouleversements de fond, Michel Kelemenis explore l’appropriation ambivalente et l’écartèlement sémantique de ce terme de « grâce ». Au plateau, le chorégraphe parie sur la force d’un assemblage d’images et de gestes incompatibles, évoquant les chemins empruntés pour accéder à cet état de sublimation. Sur une étude plastique de la lascivité s’agrègent les répercutions gestuelles et spatiales de sentiments et d’actions liés à la terreur : panique, effroi, fuite éperdue, vacillement, effondrement… Que la musique d’Angelos LiarosCopola place sous une même intensité. Comme chacun témoin impuissant des déflagrations que connaît le corps social de l’humanité, le chorégraphe reconsidère une de ses questions les plus obsédantes : la grâce peut-elle émerger de la disgrâce ?
Accepter que la vie ne soit qu’un effacement est la plus belle leçon que je reçois de la danse. S’attarder sur l’état de grâce, se souvenir jusqu’au dernier souffle des merveilles révélées à mes yeux au long de milliers d’heures en présence de la danse, et, faute de pouvoir retenir le geste, clore mes paupières pour en contenir la trace. Ces merveilles ?Des femmes, des hommes, danseuses et danseurs, que mon état de chorégraphe m’aura offert de voir éclore à leur talent, à leur transfiguration.
«Quand certains dansent, d’autres tuent.»
Derrière la beauté peut se tapir l’horreur, derrière l’horreur, l’hypothèse d’un paradis…
Kelemenis
Une croyance divinement athée en l’humain m’invite à l’aimer éperdument pour cette aptitude au sublime. Dans ma quête d’une grâce animée qui ne soit ni évanescence, ni désuétude, ni affectation, un accroc s’impose dans une funeste coïncidence… Au matin de la Première de La Barbe bleue -pour moi une femme séduisante portée par les spectres de six époux assassinés vers celui qui sera son septième et dernier- je communiquais la création ainsi : la naissance d’un monstre sanguinaire marque ce jour. Ce jour ? Le 13 novembre 2015. Alors qu’à Aix-en-Provence se déroule le drame fictionnel d’une cruauté jalouse parée de grâce et de beauté, à Paris, 130 personnes perdent la vie, ainsi que sept assaillants persuadés que ce geste tragique, d’un dieu leur apporte… la grâce. L’atteinte collatérale, dérisoire au regard de l’Histoire, demeure marquée d’une encre indélébile: elle entretient une fusion envahissante d’émotions contradictoires intenses, des entrelacs indissociables d’éclats de lumière et d’éclats d’acier.
Michel Kelemenis, chorégraphe français de renom, est une figure marquante de la danse contemporaine en France. Son parcours, caractérisé par un travail rigoureux sur l’esthétique et l’émotion, s’articule autour de l’exploration des relations humaines, de la gestuelle poétique, et d’une dramaturgie subtile. La pièce Coup de Grâce, créée en 2005, est emblématique de sa démarche artistique, explorant des thèmes de violence et de tendresse, de pouvoir et de vulnérabilité.
Simone Veil
1. Biographie de Michel Kelemenis
Né en 1959 à Marseille, Michel Kelemenis commence sa carrière artistique dans le monde de la gymnastique, avant de se tourner vers la danse contemporaine dans les années 1980. Formé par de grandes figures de la danse moderne, notamment Dominique Bagouet, il développe très tôt une sensibilité singulière pour la relation entre le mouvement et l’émotion. Après une période en tant qu’interprète, il se lance dans la chorégraphie et fonde sa propre compagnie, Kelemenis & Cie, en 1987. Depuis, il a signé plus de cinquante pièces, qui naviguent entre des œuvres intimistes et des productions plus ambitieuses, souvent marquées par une esthétique sobre mais raffinée, et une recherche constante de sincérité dans le mouvement.
Parallèlement à son travail de chorégraphe, Kelemenis s’engage dans le développement de la danse contemporaine à Marseille. En 2011, il fonde KLAP Maison pour la danse, un lieu dédié à la création, à la diffusion et à la formation en danse contemporaine. Ce centre, devenu un pôle majeur de la danse en France, permet à Kelemenis de transmettre sa passion pour l’art chorégraphique, en favorisant les échanges entre artistes, le public, et les jeunes danseurs.
2. Principes de travail de Michel Kelemenis
Michel Kelemenis est reconnu pour son approche rigoureuse et poétique de la chorégraphie. Ses principes de travail se caractérisent par une recherche de simplicité apparente, qui dissimule une grande complexité technique et émotionnelle. Parmi les éléments clés de son approche, on peut relever les suivants :
La gestuelle précise et minimaliste : Kelemenis privilégie une gestuelle épurée, presque ascétique, qui vise à transmettre l’émotion sans surcharge expressive. Il cherche à atteindre une forme de « pureté » du geste, où chaque mouvement est pesé et pensé, sans jamais tomber dans le spectaculaire ou l’exagération.
Le travail sur la tension émotionnelle : Ses œuvres explorent souvent des relations de pouvoir, d’attraction et de répulsion entre les individus. Il utilise le mouvement pour exprimer des émotions complexes, créant une dramaturgie subtile où chaque geste semble porter un poids émotionnel. Cette approche s’inspire de la danse-théâtre, mais avec une retenue qui laisse au spectateur une liberté d’interprétation.
La place du duo et du groupe : Dans les œuvres de Kelemenis, les relations humaines sont au cœur de l’action chorégraphique. Le duo, en particulier, est un format privilégié pour explorer les dynamiques de dépendance, de soutien ou de confrontation. Les interactions entre les danseurs sont travaillées pour refléter la complexité des rapports humains, souvent marquées par une alternance de rapprochement et de distanciation.
3. Focus sur Coup de Grâce (2005)
Créée en 2005, Coup de Grâce est une pièce marquante dans le parcours de Michel Kelemenis, notamment par sa capacité à capter l’essence des conflits humains. Le titre, évocateur, fait référence à ce geste final qui met fin à la vie d’un être, mais la pièce aborde cette thématique de façon métaphorique, explorant la fin des relations humaines, les ruptures, et les blessures invisibles que chacun porte en soi.
Dans Coup de Grâce, Kelemenis met en scène des duos où les danseurs incarnent des personnages en tension, pris entre attirance et répulsion. Le geste y est à la fois tendre et violent, parfois brutal mais jamais dénué d’une certaine poésie. Les mouvements sont précis, souvent minimalistes, mais porteurs d’une intensité qui reflète le poids des non-dits et des émotions refoulées.
La scénographie contribue également à l’atmosphère de la pièce : dépouillée, avec un éclairage souvent sombre qui laisse entrevoir des ombres, elle met en avant la solitude des interprètes et l’âpreté des relations qu’ils incarnent. La musique, elle, joue un rôle fondamental dans l’intensité de la pièce, oscillant entre des moments de silence presque oppressants et des montées en tension musicale qui accompagnent les mouvements avec une intensité dramatique.
Coup de Grâce est également un exemple de la capacité de Kelemenis à créer une « danse narrative » qui se passe de mots, où les gestes suffisent pour évoquer des histoires de séparation, de désillusion, mais aussi d’une beauté tragique. Cette pièce est emblématique de sa recherche d’une danse «juste», qui va droit au cœur, sans artifice.
Coordination, perception de l’espace et relation au mouvement
Objectif pédagogique : développer la conscience du mouvement à travers un objet en travaillant la coordination, l’écoute corporelle et la connexion avec le groupe.
Déroulement de l’exercice :
– Lancer et perception du mouvement
En cercle, chaque participant prend un vêtement noué sur lui-même ou un objet léger.
Il le lance en suivant une trajectoire courbe, en observant son mouvement dans l’espace.
Au moment où l’objet touche le sol, tout le groupe frappe dans les mains et tape un pied au sol simultanément, créant une connexion sonore et rythmique.
– Affinement de la coordination et de l’écoute.
Ressentir physiquement la trajectoire de l’objet, sa dynamique et son impact au sol.
Explorer la respiration et la fluidité du geste, trouvant une relation organique entre le lancer, le son produit et l’énergie du groupe.
– Variations pour affiner la réactivité et la synchronisation.
Variante 1 : Seul le voisin de droite du lanceur frappe au moment de l’impact.
Variante 2 : Lorsqu’un participant lance, ses voisins de droite et de gauche frappent simultanément.
Variante 3 : un participant déclenche le mouvement en lançant et l’ensemble du groupe frappe en même temps, renforçant la connexion collective.
– Coordination et synchronisation : associer mouvement, écoute et réaction instantanée.
– Perception de l’espace et du rythme : ressentir et anticiper la trajectoire d’un objet en mouvement.
– Connexion collective : affiner l’attention et l’écoute du groupe pour une réponse cohérente et fluide.
Cet échauffement prépare le corps et l’esprit à un travail chorégraphique en développant la réactivité, l’écoute et la relation à l’espace et aux autres.
Situation 1
Exploration du rythme et de la pulsation dans l’espace
Objectif pédagogique :
Développer l’écoute, la synchronisation et l’ancrage rythmique en alternance production sonore, silence et déplacement.
Déroulement de l’activité :
– Transmission et intégration du rythme.
Les participants sont dispersés dans l’espace.
Un élève initie un rythme en tapant dans les mains pendant 8 temps, à la vitesse et au phrasé de son choix.
Tout le groupe reproduit ce rythme ensemble en tapant dans les mains pendant 8 temps.
– Exploration de la pulsation et du silence
Après avoir tapé le rythme, le groupe intériorise la pulsation pendant 8 temps en silence.
À l’issue de cette pause, l’ensemble du groupe reprend la pulsation en frappant dans les mains, renforçant la conscience du rythme partagé.
– Variante avec déplacement et synchronisation.
Même principe de transmission du rythme initial.
Après la reproduction du rythme collectif, le groupe garde la pulsation en silence pendant 8 temps, puis :
Marche sur 8 temps en maintenant la pulsation intérieure.Silence total 8 temps. Reprise collective de la pulsation par le son (frappes de mains, pieds, etc.). Alternance de silence, déplacement et rythme, favorisant la concentration et la connexion corporelle au tempo.
Compétences développées :
– Affiner l’écoute rythmique : capturer et reproduire un rythme avec précision.
– Développer la conscience du temps et du silence : ressentir et maintenir une pulsation interne.
– Coordonner mouvement et musicalité : intégrer le rythme dans un déplacement fluide et collectif.
Cet exercice favorise la perception du rythme non seulement comme une structure sonore, mais aussi comme une sensation corporelle et une dynamique d’ensemble, essentielle en danse.
Situation 2
Exploration de la posture et de l’impact du regard dans le déplacement
Objectif pédagogique :
Expérimenter l’influence de la posture et du regard sur la perception du mouvement et de la relation à l’autre.
Déroulement de l’activité :
Disposition des participants et formation des binômes
Les participants sont disposés en deux lignes éloignées.Chaque binôme est composé d’un participant neutre (qui reste immobile et observateur) et d’un participant en mouvement.
– Expérimentation des consignes posturales.
Le participant en mouvement avance en direction de son binôme en respectant les consignes suivantes :
Première phase : avancer avec le menton baissé et le regard dirigé vers l’autre.
Deuxième phase : avancer avec le menton levé et le regard dirigé vers l’autre.
Chaque déplacement est effectué en silence pour mieux percevoir les effets de la posture.
– Retour collectif et analyse des ressentis.
Le participant neutre partage ses impressions sur les différentes approches :
Quelle sensation a été produite par chaque posture ?
Comment le regard et la position du menton influencent-ils la réception du mouvement ?
Y a-t-il une différence dans la perception de l’intention du danseur ?
Compétences développées :
– Comprendre l’impact de la posture et du regard dans la transmission d’une intention.
– Affiner la perception et l’interprétation du mouvement en fonction du positionnement du corps.
– Développer la sensibilité et l’écoute corporelle dans une relation d’observation et de ressenti.
Cet exercice permet d’explorer comment de légères modifications posturales influencent la communication non verbale et la présence scénique, des éléments fondamentaux en danse et en performance.
Situation 3
Exploration du lien entre gestuelle et voix : Coordination et expressivité
Objectif pédagogique :
Expérimenter la dissociation entre expression corporelle et expression vocale pour développer la complémentarité entre mouvement et narration.
Déroulement de l’activité :
– Mise en place des binômes. Un participant se place devant, les mains cachées dans son dos. L’autre participant se cache derrière lui et passe ses mains devant son binôme, devenant ainsi ses « mains expressives ».
– Création et mise en jeu. Ensemble, les binômes choisissent un support vocal : une histoire, une chanson, une recette de cuisine ou tout autre texte.
Rôle du participant caché : il doit exprimer le contenu uniquement par la gestuelle des mains, en donnant du sens aux mouvements pour accompagner et enrichir le discours.
Rôle du participant visible : il raconte le texte à voix haute en jouant uniquement sur la variation du ton, des pauses et du rythme, sans appui gestuel.
– Affinement et expérimentation
Les binômes testent différentes façons d’accorder mouvement et voix, en recherchant la cohérence ou, au contraire, le décalage entre les deux.
Une restitution collective permet d’observer l’impact de la gestuelle sur la compréhension et l’importance du ton dans la narration.
Compétences développées :
– Dissocier expression corporelle et vocale pour mieux comprendre leur interaction.
– Développer la précision du geste en le rendant expressif et signifiant.
– Affiner la modulation vocale pour captiver l’attention sans support gestuel.
Cet exercice ludique et créatif met en évidence l’importance du corps et de la voix dans la communication scénique, favorisant une approche sensible et expressive du mouvement et du récit.
Travail du tempo, des qualités de mouvement et de l’écoute collective
Objectif pédagogique :
Développer la conscience corporelle en jouant sur la temporalité et la qualité du mouvement, tout en affinant la perception de l’espace et la vision périphérique.
Déroulement de l’activité :
- Première phase : descente et remontée progressive.
Les participants descendent au sol sur 20 temps, restent au sol 20 temps , puis remontent sur 20 temps.
L’exercice se répète en particulier en diminuant progressivement la durée : 18, 16, 14, 12, 10, 8, 6, 4, 2 temps.
Variantes : exploration des qualités de mouvement
Descendre et remonter en intégrant des verbes d’action : dégouliner, s’effondrer, rebondir, se contracter...
Travailler avec des images sensorielles : se mouvoir comme dans de la boue, du miel, du coton, de l’eau...
Intégrer une phase de marche sur 8 temps , entre chaque descente/remontée, pour assurer une transition fluide.
- Deuxième phase : marche et exploration de l’espace.
En dispersion, chaque élève choisit un camarade à garder dans son champ de vision , sans en informer l’autre.
Attention à varier les trajectoires pour éviter la formation d’un cercle et encourager la traversée de l’espace.
Même consigne avec deux camarades, ce qui complexifie la gestion du regard et des déplacements.
- Troisième phase : écoute et adaptation au groupe.
Départ en marche collective, puis évolution libre en jouant sur différentes dynamiques :
Marche → course → réduction → arrêt, en restant à l’écoute du groupe.
Alternance entre mouvements rapides et temps suspendus pour affiner la réactivité collective.
Compétences développées
– Contrôler le tempo et la dynamique du mouvement en adaptant la durée et l’intensité.
– Explorer différentes qualités corporelles pour enrichir l’expressivité du geste.
– Affiner la perception de l’espace et la vision périphérique pour une meilleure écoute du groupe.
Cet échauffement engage à la fois le corps et l’attention, préparant les danseurs à une interaction fluide et une conscience accumulée du mouvement dans l’espace collectif.
Le théâtre d’image est une forme d’expression scénique qui privilégie le pouvoir évocateur des images visuelles sur la narration verbale. S’inscrivant dans une recherche de communication universelle, il s’appuie sur la force symbolique du corps, de la scénographie et des lumières pour créer des tableaux vivants. Ce type de théâtre a trouvé un écho particulier dans le travail auprès de populations ayant vécu des traumatismes, en leur offrant un espace d’expression non verbal permettant de surmonter les barrières du langage et de libérer les émotions enfouies.
Les origines du théâtre d’image
Le théâtre d’image puise ses racines dans plusieurs courants artistiques et théâtraux du XXe siècle
Les avant-gardes du début du XXe siècle
Des mouvements tels que le symbolisme, le surréalisme et le futurisme ont exploré l’idée que l’image scénique pouvait transmettre des significations profondes sans recours à un texte explicite. Les metteurs en scène comme Edward Gordon Craig et Adolphe Appia ont mis en avant le rôle de la lumière et de la scénographie comme éléments narratifs à part entière.
Le théâtre physique et le mime
Le travail de figures comme Étienne Decroux et Jacques Lecoq a contribué à développer un langage corporel expressif et universel, dans lequel le geste devient porteur de sens. Lecoq, en particulier, a exploré la «dramaturgie du mouvement», où le corps du comédien devient un élément plastique évoluant dans l’espace.
Le théâtre expérimental des années 1960-1970
Des artistes tels que Robert Wilson et Tadeusz Kantor ont approfondi cette approche en créant des spectacles fondés sur la répétition, la lenteur et l’impact visuel des corps dans l’espace scénique. Wilson, avec ses tableaux statiques et ses éclairages minimalistes, a développé un style reconnaissable qui transcende les cultures et les langues
Techniques du théâtre d’image
Le théâtre d’image repose sur plusieurs techniques visant à créer des compositions visuelles évocatrices :
Le théâtre d’image puise ses racines dans plusieurs courants artistiques et théâtraux du XXe siècle.
La composition scénique
Chaque élément de la scène est minutieusement agencé pour produire des images riches en symboles. La scénographie, les costumes et l’éclairage participent à l’élaboration d’un univers sensoriel fort. Les couleurs, les formes et les mouvements sont pensés pour provoquer une résonance émotionnelle chez le spectateur.
Le travail du corps en tant que langage
Les acteurs développent une gestuelle stylisée, souvent inspirée de la danse, du mime ou des arts visuels. Le corps devient un vecteur d’émotions où la posture et la lenteur du mouvement permettent une réception contemplative
Le rôle du silence et du son
Le théâtre d’image utilise souvent le silence pour amplifier la force des images, mais il peut aussi intégrer des sons minimalistes ou des musiques répétitives qui viennent renforcer le rythme scénique. Ce contraste sonore favorise une immersion totale du spectateur
Le théâtre d’image et les populations traumatisées
L’approche du théâtre d’image a été largement adoptée dans le cadre de l’art-thérapie, notamment auprès de populations ayant vécu des traumatismes tels que des conflits armés, des catastrophes naturelles ou des violences personnelles. Son efficacité repose sur plusieurs aspects :
Un espace d’expression non verbal
Le théâtre d’image permet aux individus ayant du mal à verbaliser leur souffrance de s’exprimer à travers le langage du corps et des symboles. En utilisant des compositions scéniques métaphoriques, les participants peuvent donner forme à leurs expériences sans devoir les expliciter verbalement..
La reconstruction identitaire par l’image
Les mises en scène visuelles offrent la possibilité de reconstituer des souvenirs ou d’explorer des narrations alternatives qui aident à restaurer une image positive de soi. Par exemple, dans des projets menés auprès de réfugiés, le théâtre d’image a été utilisé pour reconstituer des fragments de mémoire collective et individuelle, permettant une réappropriation de leur histoire.
Un outil de résilience collective
Grâce à son caractère universel, le théâtre d’image favorise la création d’un langage commun au sein de groupes hétérogènes. Il permet de recréer du lien social et d’aborder les expériences traumatiques de manière collective, en favorisant le partage et la solidarité.
Situation 1
Création d’une image collective : exploration des postures et de la cohérence du contexte
Objectif pédagogique :
Développer la capacité à incarner un contexte à travers la posture et affiner l’observation et l’interprétation des attitudes corporelles.
Déroulement de l’activité :
Entrée et proposition initiale:
Un premier, participant entre dans l’espace de jeu avec une idée de contexte (ex. : à la plage, au bistrot, en entreprise…).
Il adopte une posture claire et expressive en lien avec cette situation.
- Construction progressive de l’image collective:
Tour à tour, chaque participant rejoint l’espace en s’inspirant de la posture précédente et en proposant une nouvelle position en lien avec l’ensemble .
L’objectif est de créer une composition cohérente où chaque posture interagit avec les autres pour renforcer l’ambiance et la narration.
Une fois tous les participants en place, l’image fixe est prise en photo.
- Analyse et réflexion sur la composition:
Observation de l’image capturée : les postures traduisent-elles clairement l’idée de départ ?
Discussion autour des attitudes corporelles :
Quels éléments rendent une posture lisible ?
Certains gestes sont-ils hors contexte ? Pourquoi ?
Comment améliorer la clarté et la cohérence de la scène ?
Compétences développées :
Maîtriser l’expression corporelle et la lisibilité du geste
- Affiner la précision du langage corporel pour rendre une posture claire et expressive.
- Adapter son attitude et ses gestes pour traduire un contexte spécifique de manière compréhensible.
Construire une composition collective cohérente
- Prendre en compte les propositions des autres pour enrichir l’image collective.
- Ajuster sa posture et son positionnement pour s’intégrer harmonieusement à la scène.
Développer l’observation et l’analyse d’une image scénique
- Identifier les éléments qui révèlent ou entravent la lisibilité d’une posture.
- Évaluer la pertinence et la cohérence des propositions corporelles dans un cadre collectif.
Proposer des ajustements pour amélio
Situation 2
Transformation des images en séquence chorégraphique
Objectif pédagogique :
Développer la fluidité du mouvement en explorant des transitions dynamiques entre différentes postures, tout en structurant une séquence sur un cadre temporel précis.
Déroulement de l’activité :
Sélection des images de référence
Le groupe classe choisit trois images issues de la situation précédente, représentant des postures distinctes.
- Exploration des transitions et structuration du mouvement
Posture 1 :
Créer une entrée progressive dans la posture sur 8 temps . Concevoir un mouvement de sortie permettant de retrouver une position neutre sur 8 temps .
Posture 2 :
Répéter le processus : entrée sur 8 temps , sortie fluide vers la neutralité sur 8 temps .
Posture 3 :
Même principe, en explorant des qualités de mouvement variées (suspension, fluidité, contraste).
Possibilité d’utiliser un «reverse» (retour en arrière du mouvement) pour enrichir les transitions.
- Affinement et répétition de la séquence
Assembler les trois séquences pour créer un enchaînement fluide et structuré.
Expérimentez différentes qualités de mouvement et ajustez les transitions pour renforcer la cohérence de la chorégraphie.
Compétences développées :
- Structurer un enchaînement corporel en intégrant des repères temporels précis.
- Travailler la fluidité et la continuité du mouvement dans les transitions.
- Affiner la conscience corporelle et la lisibilité des postures dans une séquence dansée.
Cet exercice permet aux danseurs de donner vie à des images fixes en les transformant en mouvements dynamiques et expressifs, tout en développant leur sens de la composition chorégraphique.
Situation 3
Création d’une partition collective : Exploration de l’espace et structuration du mouvement
Objectif pédagogique :
Construire une séquence collective en intégrant des notions de spatialisation, de repères rythmiques et de transitions fluides entre différentes postures.
Déroulement de l’activité :
Entrée progressive et prise de repères
Les danseurs entrent un à un sur scène, alternativement par le côté cour ou jardin, et avancent jusqu’au centre du fond de scène.
Chaque participant prend un temps d’observation de l’espace et des autres danseurs avant de s’y engager pleinement.
Une fois tous réunis, le groupe marque un repère collectif (par exemple, un ancrage au sol ou un regard échangé).
Construction du rythme et des postures
Phase 1 : Marche synchronisée pendant 8 temps, puis exécution d’un mouvement sur 8 temps , suivi d’une posture 1 réalisée.
Phase 2 : Sortie progressive de la posture sur 8 temps , reprise de la marche pendant 8 temps .
Phase 3 : Répétition du cycle en intégrant la posture 2 , puis la posture 3 , avec la même structure temporelle.
Compétences développées :
Maîtriser l’espace scénique et le placement collectif
- Développer la conscience de son positionnement par rapport aux autres et à l’espace de jeu.
- Ajuster ses déplacements pour maintenir une cohérence visuelle et dynamique au sein du groupe.
Structurer une séquence en respectant des repères rythmiques précis
- Intégrer une organisation temporelle rigoureuse dans l’enchaînement des mouvements.
- Adapter sa gestuelle en fonction du rythme pour assurer fluidité et clarté dans l’exécution.
Développer l’écoute et la synchronisation pour une composition harmonieuse
- Être attentif aux actions des autres danseurs pour favoriser une connexion fluide.
- Ajuster son mouvement et son énergie en fonction du collectif pour renforcer l’unité de la composition.
Idem S2
Exploration des vitesses en danse : variation du paramètre temps. Expérimenter et différencier cinq niveaux de vitesse à travers le mouvement, en développant la conscience du paramètre temps et la capacité d’adaptation corporelle.
Découverte des vitesses
Les élèves explorent cinq niveaux de vitesse, classés de la plus lente à la plus rapide :
1 : Slow motion (ralenti extrême, comme une vidéo en ralentissement)
2 : Mouvement lent et fluide
3 : Vitesse intermédiaire, naturelle
4 : Vitesse rapide, énergique
5 : Accéléré, proche de la course (ex. : courir pour attraper un train ou un bus)
Mise en jeu avec un «Maître du temps»
Un élève commence en tant que Maître du temps et choisit une vitesse qu’il exécute en mouvement.
Il peut transmettre son rôle en touchant ou en attrapant le bras d’un autre élève. Celui-ci devient alors le nouveau Maître du temps, doit annoncer un chiffre à haute voix (de 1 à 5) et faire évoluer la dynamique du groupe en modifiant la vitesse des mouvements.
Situation 1
Création d’images collectives : Interpréter Le Jardin des Délices à travers la posture et l’espace
Objectif pédagogique :
Développer la capacité à incarner un univers pictural en s’inspirant des postures et compositions du Jardin des Délices de Jérôme Bosch. Travailler la construction progressive d’une image collective en explorant successivement les trois panneaux du triptyque.
Posture 1 : Le Paradis – L’harmonie et l’équilibre (Panneau de gauche)
Un premier participant entre dans l’espace et adopte une posture inspirée du panneau gauche du tableau (ex. : Adam, Ève, un ange, un animal mythologique)
.Tour à tour, les autres participants rejoignent l’espace en choisissant une posture complémentaire et en s’intégrant à l’ensemble.
L’image collective doit refléter une harmonie spatiale, avec des corps en interaction fluide, des postures ouvertes et un équilibre visuel.
Une fois tous les participants en place, une photo de l’image figée est prise.
Posture 2 : Le Jardin des Délices – L’abondance et l’excès (Panneau central)
Un premier participant entre dans l’espace et adopte une posture inspirée du panneau central (ex. : figures en mouvement, postures sensuelles, jeux corporels).
Les autres rejoignent progressivement la composition, en choisissant des postures dynamiques et interconnectées, évoquant le foisonnement du tableau.
L’image collective doit refléter l’exubérance et la profusion du Jardin des Délices, avec des corps entremêlés, des interactions multiples et un espace saturé.
Une fois la composition stabilisée, une photo de l’image figée est prise.
Posture 3 : L’Enfer – La fragmentation et le chaos (Panneau de droite)
Un premier participant entre dans l’espace et adopte une posture issue du panneau droit (ex. : corps tordu, recroquevillé, figure oppressée ou en tension).
Les autres rejoignent progressivement l’image en choisissant des postures évoquant la souffrance, l’isolement ou la distorsion. L’espace doit se structurer de manière éclatée, avec des corps en rupture, des tensions visibles et un déséquilibre spatial marqué. Une fois l’ensemble stabilisé, une photo de l’image figée est prise.
Analyse et réflexion sur la composition
Observation des trois images figées :
Quels éléments permettent d’identifier visuellement chaque univers ? Comment les relations entre les corps ont-elles évolué ? Quelle lecture peut-on faire de chaque tableau vivant ?
Discussion sur la construction des images :
Quels choix de postures ont renforcé la lisibilité des scènes ?
Comment le placement dans l’espace influence-t-il la perception de l’ensemble ? Quels éléments pourraient être retravaillés pour une meilleure cohérence visuelle ?
Compétences développées
- S’approprier un référentiel pictural pour créer une image scénique.
- Structurer une composition collective en jouant sur l’espace et les interactions corporelles.
- Expérimenter différentes qualités posturales et leur impact narratif.
Cette activité permet aux élèves d’explorer l’esthétique du corps en image fixe, en travaillant l’occupation de l’espace, la lisibilité des postures et la construction d’une scène chorégraphique inspirée d’un univers pictural riche et symbolique.
Le Jardin des Délices (vers 1490-1510) est un triptyque fascinant du peintre flamand Jérôme Bosch, conservé au Musée du Prado à Madrid. Œuvre emblématique de la peinture de la fin du Moyen Âge, elle propose une vision foisonnante et énigmatique de la condition humaine, oscillant entre paradis, plaisir et damnation. Le Jardin des Délices est conçu comme un triptyque : une œuvre peinte sur trois panneaux, qui s’ouvre et se ferme.
Panneau de gauche :
Le Paradis (la Création d’Ève)
Un espace harmonieux et verdoyant, où Dieu présente Ève à Adam.
Une nature luxuriante, avec des animaux exotiques et fantastiques.
Un sentiment d’équilibre, mais déjà des éléments troublants (animaux hybrides, sources d’eau sombres).
Panneau central :
Le Jardin des Délices (le Monde du Plaisir)
Un espace ouvert, sans véritable perspective linéaire, donnant une impression de foisonnement et de mouvement.
Une multitude de personnages nus engagés dans des jeux amoureux et des expériences sensuelles. Des constructions étranges, comme des sphères translucides et des architectures végétales ou minérales.
Un monde fascinant mais ambigu, où la frontière entre plaisir et excès est ténue.
Panneau de droite :
L’Enfer (la Chute et le Châtiment)
Un espace sombre, chaotique, dominé par des tons rouges et noirs. Une vision cauchemardesque de la punition, avec des figures monstrueuses torturant les âmes damnées.
Une organisation en plusieurs plans qui donne une impression de profondeur et d’enfermement.
L’espace suit une logique narrative : on passe d’un état initial d’harmonie (paradis) à une apogée du plaisir (jardin central), pour finir dans la destruction et la souffrance (enfer).
Situation 2
Transformation des images en séquence chorégraphique : Travail du temps et des transitions inspirées du Jardin des Délices
Objectif pédagogique :
Développer la maîtrise du temps et du rythme dans l’enchaînement des postures en intégrant des transitions dynamiques adaptées à chaque panneau du Jardin des Délices. Explorer la variation de la temporalité pour affiner la fluidité et la lisibilité de la chorégraphie.
Déroulement de l’activité :
1. Sélection des images de référence
Le groupe choisit trois images fixes issues de la situation précédente, correspondant aux trois panneaux du triptyque :
Posture 1 : inspirée du Paradis (panneau gauche)
Posture 2 : inspirée du Jardin des Délices (panneau central)
Posture 3 : inspirée de l’Enfer (panneau droit)
2. Exploration des transitions et structuration du mouvement
- Travail des transitions sur 8 temps
Entrée dans la posture 1 (Paradis) sur 8 temps : mouvements doux, fluides, avec une sensation d’apesanteur. Maintien de la posture 1 pendant 8 temps, accentuant l’équilibre et l’harmonie.
Transition vers la posture 2 (Jardin des Délices) sur 8 temps : jeu avec des déplacements exubérants, des déséquilibres progressifs. Maintien de la posture 2 pendant 8 temps, avec des gestes expansifs et des interactions corporelles multiples.
Transition vers la posture 3 (Enfer) sur 8 temps : accélération des tensions, fragmentation des corps, instabilité visible. Maintien de la posture 3 pendant 8 temps, traduisant la souffrance et l’oppression.
Sortie et retour en position neutre sur 8 temps, avec un choix entre effondrement progressif ou suspension dramatique.
- Travail des transitions sur 16 temps (accélération du cycle). Enchaînement des trois postures dans un cycle complet de 16 temps :
Entrée dans la posture 1 → transition vers 2 → transition vers 3 → retour en neutre.
Nécessité de fluidifier et condenser les transitions sans perdre la lisibilité des états corporels.
Exploration d’une progression dramatique plus rapide et plus intense.
- Travail des transitions sur 4 temps (compression du cycle). Enchaînement des trois postures en 4 temps seulement :
Accent mis sur la réactivité corporelle et l’immédiateté du changement d’état.
TROISIÈME
Composer à partir d’un processus de création
Compétences développées :
- Maîtriser la gestion du temps dans la transition entre postures.
- Expérimenter l’impact des variations rythmiques sur la perception du mouvement.
- Explorer la rapidité et la lenteur comme outils expressifs en chorégraphie.
Cet exercice permet aux élèves de jouer avec le temps comme élément dramatique, en modulant la vitesse d’exécution pour affiner la narration corporelle et renforcer l’impact visuel des transitions.
Situation 3
Création d’une partition collective : Structuration du mouvement, gestion du temps et spatialisation
Objectif pédagogique :
Construire une partition collective en intégrant des repères rythmiques, des variations temporelles (8, 16, 4 temps), et des transitions fluides entre différentes postures inspirées du Jardin des Délices. Développer la coordination du groupe et la structuration d’un espace scénique évolutif.
Déroulement de l’activité :
1. Mise en place et prise de repères spatiaux
Entrée progressive des danseurs sur scène :
Alternance entre côté cour et côté jardin.
Chaque participant avance jusqu’au centre du fond de scène, prenant le temps d’observer l’espace et les autres danseurs.
Une fois tout le groupe en place, ancrage collectif par un regard échangé, une respiration commune ou une position au sol.
2. Construction de la partition en jouant sur les durées et les postures
Premier cycle : Installation progressive du rythme et des postures (8 temps par étape)
Marche synchronisée pendant 8 temps, puis installation dans la posture 1.
Sortie progressive de la posture sur 8 temps, retour à la marche pendant 8 temps.
Répétition du cycle avec posture 2, puis posture 3, avec la même structure temporelle.
Deuxième cycle : Extension et fluidité du mouvement (16 temps pour un cycle complet)
Fusion des étapes : la transition entre les trois postures est étirée et davantage explorée.
L’accent est mis sur la connexion des danseurs :
Certains prennent plus de temps pour changer de posture, créant des décalages rythmiques.
D’autres accélèrent légèrement, provoquant des superpositions et variations de mouvement.
Troisième cycle : Compression et intensité (4 temps pour un cycle complet)
Réduction drastique du temps pour exécuter les trois postures et les transitions.
Accent sur l’efficacité du mouvement :
Trouver des gestes percutants qui conservent l’essence des postures malgré la rapidité.
Travailler la réactivité et l’impact visuel du passage accéléré entre les états corporels.
Complexification possible
:
Dynamique de groupe et structuration spatiale
Répartition des rôles :
Un groupe effectue le cycle en 8 temps, un autre en 16 temps, un dernier en 4 temps, créant un effet de déphasage et de contraste temporel.
Possibilité d’un jeu d’alternance : certains ralentissent quand d’autres accélèrent.
Exploration de l’espace :
Intégration de trajectoires variées (diagonales, spirales, cercles).
Travail sur les pleins et vides de l’espace, en jouant sur la densité des corps en mouvement.
Compétences développées :
- Maîtriser la gestion du temps et du rythme dans une séquence chorégraphique collective.
- Travailler la spatialisation et la structuration dynamique d’un groupe en mouvement.
- Développer une écriture chorégraphique fluide et contrastée à travers des variations temporelles.
Cette partition permet d’expérimenter l’impact du temps sur la perception du mouvement collectif, en jouant sur les contrastes et en structurant un espace scénique en constante évolution.
Analyse et retour sur l’expérience
Impact des variations de temps sur la perception du mouvement :
- Quelles différences observe-t-on entre les cycles à 8, 16 et 4 temps ?
- Quel cycle produit le plus d’impact visuel et émotionnel ?
Lecture collective de la partition :
- Comment la structuration temporelle influence-t-elle la dynamique et la cohésion du groupe ?
- Quels ajustements sont nécessaires pour rendre la séquence claire et fluide ?
Proposez les routines d’échauffement définies par le groupe dans les séances précédentes
Situation 1
Stabiliser la partition développée en situation 3 de la séance précédente.
Définir 3 espaces scéniques différents
- L’ensemble de la scène
- Espace médium
- Espace très restreint
Situation 2
Stabilisation et clarification de la partition chorégraphique
Objectif pédagogique :
Affiner l’exécution de la partition collective en stabilisant les postures, en clarifiant les transitions et en structurant l’espace scénique. Explorer les variations rythmiques tout en définissant une dynamique de groupe cohérent jusqu’à la sortie finale.
Déroulement de l’activité
1. Entrée progressive et prise de repères spatiaux
Entrée des danseurs un par un , alternativement par côté cour et côté jardin , en avançant jusqu’au centre du fond de scène. Chaque participant observe l’espace et les autres danseurs avant d’y entrer pleinement, en cherchant à harmoniser ses déplacements avec le groupe. Une fois l’ensemble des danseurs en place, marque d’un repère collectif (ex. : un regard échangé, une respiration commune, une posture partagée).
2. Stabilisation et exécution progressive de la partition
Cycle 1 : Précision du rythme et des postures (8 temps par étape)
Marche synchronisée pendant 8 temps , puis installation précise de la posture 1. Sortie progressive de la posture sur 8 temps , reprise de la marche pendant 8 temps. Répétition avec posture 2 , puis posture 3 , en veillant à la clarté et à l’intention du mouvement .
Cycle 2 : Fluidité et superpositions temporelles (16 temps par cycle complet)
Prolongation du temps des transitions , rendant les changements de posture plus fluides. Certains danseurs ralentissent leur entrée dans la posture , tandis que d’autres accélèrent légèrement , créant un effet de décalage rythmique et de superposition des mouvements .
Cycle 3 : Intensité et condensation du mouvement (4 temps par cycle complet)
Réduction du temps d’exécution pour un enchaînement dynamique et percutant des trois postures et de leurs transitions. Accent sur l’efficacité du mouvement , en veillant à conserver la lisibilité des formes malgré l’accélération.
3. Structuration et adaptation de l’espace scénique
Exploration des trois espaces suivants au sein de la partition :
L’ensemble de la scène : pleine occupation de l’espace avec des trajectoires étendues.
Espace médium : recentrage du groupe sur une zone plus contenue , créant une sensation de densité corporelle.
Espace très restreint : compression des corps dans un espace réduit , accentuant les tensions et les contacts.
4. Finalisation et création d’une sortie collective
Expérimentation de différentes finitions possibles :
Une sortie progressive , où les danseurs quittent l’espace un par un.
Un arrêt collectif soudain , marquant un point final fort.
Une dissolution progressive du mouvement , jusqu’à un état d’immobilité totale ou d’extinction du geste.
Situation 3
Faire un choix des critères d’évaluation mobilisés lors de la séance 5 pour chaque élément de la partition.
Cycle 1 : Précision du rythme et des postures (8 temps par étape)
Un espace harmonieux et verdoyant, où Dieu présente Ève à Adam.
Une nature luxuriante, avec des animaux exotiques et fantastiques.
Un sentiment d’équilibre, mais déjà des éléments troublants (animaux hybrides, sources d’eau sombres).
Cycle 2 : Fluidité et superpositions temporelles (16 temps par cycle complet)
Un espace ouvert, sans véritable perspective linéaire, donnant une impression de foisonnement et de mouvement.
Une multitude de personnages nus engagés dans des jeux amoureux et des expériences sensuelles. Des constructions étranges, comme des sphères translucides et des architectures végétales ou minérales.
Un monde fascinant mais ambigu, où la frontière entre plaisir et excès est ténue.
Cycle 3 : Intensité et condensation du mouvement (4 temps par cycle complet)
Un espace sombre, chaotique, dominé par des tons rouges et noirs. Une vision cauchemardesque de la punition, avec des figures monstrueuses torturant les âmes damnées.
Une organisation en plusieurs plans qui donne une impression de profondeur et d’enfermement.
L’espace suit une logique narrative : on passe d’un état initial d’harmonie (paradis) à une apogée du plaisir (jardin central), pour finir dans la destruction et la souffrance (enfer).
Cycle 4: structuration de l’espace et la sortie collective
Un espace sombre, chaotique, dominé par des tons rouges et noirs. Une vision cauchemardesque de la punition, avec des figures monstrueuses torturant les âmes damnées.
Une organisation en plusieurs plans qui donne une impression de profondeur et d’enfermement.
L’espace suit une logique narrative : on passe d’un état initial d’harmonie (paradis) à une apogée du plaisir (jardin central), pour finir dans la destruction et la souffrance (enfer).
Proposez les échauffements des quatre séances précédentes, comme des routines, en précisant les critères de réussite et de réalisation correspondants
Situation 1
Stabiliser la partition développée en situation 2 de la séance précédente.
En précisant systématiquement les critères d’évaluation
Situation 2
Répéter la partition collective (3 fois) en veillant à corriger les difficultés.
Vous pouvez filmer et demander au groupe classe de proposer des axes de remédiation.
Situation 3
Performance collective :
Filmer la performance et visionner 3 fois la vidéo afin d’organiser une co-évaluation ou une auto-évaluation pour que l’élève maîtrise les critères et développe son regard de spectateur.
Objectif : Cette fiche permet d’évaluer ensemble la qualité du travail chorégraphique en tenant compte du rythme, de l’originalité des gestes, de l’écoute collective et de l’adaptation à l’espace . Chaque danseur est évalué par lui-même et par un camarade.
Consigne :
Pour chaque critère, coche la case correspondante au niveau observé. Ajoutez un commentaire si nécessaire.
Danseur évalué : _________________________
Évaluateur.trice
: _________________________
NON ACQUIS | EN COURS D’ACQUISITION | ACQUIS | DÉPASSÉ |
---|---|---|---|
Les temps ne sont pas respectés, et le danseur perd le rythme de la séquence. | Quelques hésitations dans la gestion du temps, parfois en avance ou en retard dans les changements de posture | Le danseur respecte le cadre temporel et les transitions sont bien intégrées, mais avec de légers ajustements possibles. | Le danseur respecte parfaitement les temps (8, 16, 4) et s’adapte aux variations avec fluidité et précision. Il joue avec les accélérations et diminutions de manière expressive. |
NON ACQUIS | EN COURS D’ACQUISITION | ACQUIS | DÉPASSÉ |
---|---|---|---|
Les transitions sont saccadées, peu lisibles ou inexistantes entre les postures. | Les transitions sont encore mécaniques ou peu variées, manquantes de recherche dans la qualité du geste. | Les transitions sont claires et cohérentes, avec des efforts visibles pour enrichir le mouvement. | Les transitions entre les postures sont fluides, inventives et apportent une réelle expressivité à la chorégraphie. |
NON ACQUIS | EN COURS D’ACQUISITION | ACQUIS | DÉPASSÉ |
---|---|---|---|
Il est en décalage avec le reste du groupe et ne s’adapte pas aux changements. | Le danseur suit le groupe mais manque parfois de réactivité aux variations collectives. | Bonne écoute du groupe, quelques ajustements mineurs nécessaires pour renforcer la synchronisation. | Le danseur est en connexion constante avec les autres, ajuste son rythme et ses mouvements en fonction du groupe. |
NON ACQUIS | EN COURS D’ACQUISITION | ACQUIS | DÉPASSÉ |
---|---|---|---|
Mauvaise gestion de l’espace, gêne les autres ou se retrouve hors cadre sans intention claire. | Le danseur reste dans l’espace défini mais a du mal à se positionner avec précision. | Bonne gestion de l’espace, quelques ajustements nécessaires pour optimiser le placement. | Le danseur utilise pleinement l’espace scénique, ajuste ses mouvements selon l’amplitude requise et reste consciencieux des autres. |
Partition de la séance 5
Trouver un sujet et créer des ressources et documents support de création
Vous pouvez vous inspirer de grandes œuvres plastiques
Situation 1
Rassembler six à dix élèves
Trouver de façon commune un thème.
Réaliser les recherches documentaires et supports de créations (mots-images-sculpture... )
Faire un choix justifiés de 4 images représentatives du thème, Proposer 4 supports musicaux susceptibles de faire émerger une gestuelle originale en lien avec les contraintes imposées
Proposer un système de gestion de l’espace scénique (espace de danse et de déplacements - positionnement du publique)
Expérimenter les consignes des séances précédentes
Situation 2
Créer ensemble une nouvelle partition commune à partir de l’ensemble des éléments sélectionnés.
Répéter la partition de groupe.
Filmer la partition de groupe
Corriger la partition de groupe
Situation 3
Créer (rédiger) une note d’intention précisant votre thème, les caractéristiques et contraintes de mouvement, la gestion des espaces de danse et de circulation. Préparer les cartes de jeu au besoin.
Travaux d’élèves et sujets inspirants
Migrants
Le Radeau de la Méduse propose une partition visuelle riche , qui peut être traduite en langage corporel à travers
- L’occupation de l’espace et la densité des corps .
- L’expressivité des postures et des tensions corporelles .
- Le travail du rythme et des contrastes de mouvement .
- L’écoute collective et la répartition des intentions scéniques .
- La construction d’une narration chorégraphique entre immobilité et basculement .
Cette analyse permet d’expérimenter des situations chorégraphiques inspirées de la force visuelle et dramatique de l’œuvre de Géricault, en jouant sur l’énergie du groupe, les tensions du corps et la gestion du temps et de l’espace .
1. Composition et organisation de l’espace
Un espace en diagonale : Géricault construit son tableau avec une forte ligne diagonale, allant des corps effondrés à la figure dressée qui fait signe.
Deux zones contrastées :
En bas, le chaos et le désespoir : corps affaissés, entremêlés, enchevêtrement de membres.
En haut, l’espoir et la tension vers un but: figures redressées, bras levés, un mouvement ascendant.
Effet de saturation : l’espace est rempli, les corps s’empilent, créant une impression d’étouffement et de tension dramatique.
2. Postures et gestuelles des corps
Des corps expressifs et contrastés :
Certains sont affalés, épuisés, comme abandonnés au désespoir.
D’autres sont en tension, tendus vers l’avant, cherchant une issue.
Une narration corporelle : chaque posture raconte un état physique et des émotions précises ( désespoir, lutte, espoir, résignation ).
Une construction pyramidale : le sommet attire l’attention et dirige le regard vers l’horizon.
Proposez les échauffements des séances précédentes, comme des routines, en précisant les critères de réussite correspondant.
Situation 1
- Organiser un temps de répétition suffisant
- Rediscuter des compétences et critères d’évaluation
Situation 2
Performance de groupe
Organiser une co-évaluation au sein de la classe
Situation 3
Lecture des retours poétiques
Discussion sur la séquence et le thème étudié.
Engagement Corporel (8 points) - Motricité et présence
0-1,5 pts | 2-3,5 pts | 4-5,5 pts | 6-7 pts |
---|---|---|---|
Motricité simple, réalisations brouillonnes, présence faible. | Motricité globale, réalisations précises, présence intermittente. | Motricité variée, réalisations maîtrisées, présence impliquée. | Motricité complexe, réalisations maîtrisées, présence engagée. |
Qualité de la Composition (4 points) - Inventivité et Organisation :
0-1,5 pts | 2-3,5 pts | 4-5,5 pts | 6-7 pts |
---|---|---|---|
Projet absent, procédés maladroits, espace sans choix. | Projet inégal, procédés ébauchés, espace organisé. | Projet organisé, procédés pertinents, espace construit. | Projet structuré, procédés affirmés, espace singulier. |
Engagement et Contribution (4 points)- Participation au Projet
0-1pt | 1-2pts | 2-3 pts | 3-4 pts |
---|---|---|---|
Engagement intermittent, travail improductif. | Engagement modéré, travail parfois opérant. | Engagement impliqué, travail qui développe la composition. | Engagement soutenu, travail qui enrichit le projet. |
Capacité d’Observation et d’Analyse (4 points) - Rôle de Spectateur Critique
0-1pt | 1-2pts | 2-3 pts | 3-4 pts |
---|---|---|---|
Difficultés à repérer des indicateurs, appréciation binaire. | Repère certains indicateurs, appréciation partielle. | Identifie des indicateurs simples, appréciation argumentée. | Analyse complète, appréciation argumentée et personnelle. |