Enseignement classe de terminale
« La danse, une interrogation portée sur le monde »
- S’engager corporellement et publiquement en explorant la relation à soi, la relation à l’autre, la relation à l’environnement ;
- Conduire un travail chorégraphique singulier, personnel selon une pratique de recherche ;
- Mener une analyse sur le mouvement, l’œuvre, l’artiste, la danse, en les situant dans leurs divers contextes
- Rendre compte de ses acquis et de ses potentialités, et être en capacité de valoriser ses atouts.
- Rendre compte de ses acquis et de ses potentialités, et être en capacité de valoriser ses atouts.
- Aborder la danse par une approche à la fois sensible et scientifique qui prend en compte la diversité de ses esthétiques et de ses pratiques ;
- Acquérir des outils et des méthodes permettant de porter un regard éclairé sur la danse et de développer une pensée critique ;
- Elaborer son projet d’orientation en construisant, par les expériences vécues en danse, un itinéraire de formation singulier.
Vendredi 31 mars – Koubi- Les nuits barbares- théâtre de Grasse
Théorie:
«Notion d’interactions entre les arts- Focus sur la scénographie»
Pratique: « Préparer mon épreuve pratique du baccalauréat»
Grand oral: « Projet transdisciplinaire - Que sur toi se lamente le tigre»
- Intervention autour de l’univers Castafiore - Marcia Barcellos (*1)
- Intervention autour de l’univers Cunningham - Marcia Barcellos(*1)
- Intervention « aide à la création » Eric Oberdorff ou Dominque Larin (*1 en fonction des besoins)
- Stage castafiore
- Workshop - Gervais Tomadiatunga
Créer
- S’engager dans une démarche personnelle, singulière, réfléchie et critique pour mener à terme un projet chorégraphique.
- Conduire un travail de recherche sur le corps (conscience du corps, qualités et paramètres du mouvement, techniques et codes gestuels, improvisation, corps producteur de sens, etc.).
Analyser
- Lire une œuvre chorégraphique (lecture sensible, lecture référencée) et la problématiser en mobilisant différentes connaissances et compétences (en danse, dans d’autres champs disciplinaires, dans d’autres arts)..
- Expliquer son expérience dansée et la problématiser
- Mener une recherche documentaire variée sur une question chorégraphique choisie.
Restituer
- Présenter et interpréter une composition chorégraphique en affirmant des partis pris en matière d’écriture, de dramaturgie et de scénographie.
- Discuter, débattre de la réception d’une œuvre, à l’écrit et à l’oral
- Rendre compte publiquement, selon différentes formes (installation, poster, conférence dansée, témoignage, montage documentaire…), de son parcours, de sa connaissance des métiers, des filières de formation, et des choix personnels opérés.
Doc 2
"Le Sacre" de Pina Bausch : 35 minutes de terre, de sang et d'effroi
Par Rosita Boisseau
Arrive l'entracte. Pas question de bouger de son fauteuil : le spectacle continue. Un ballet curieusement improvisé et précis se met en place qu'on ne raterait pour rien au monde.
Six grosses bennes argentées débarquent sur la scène, poussées par une quinzaine de personnes habillées en noir et équipées de pelles. En quelques minutes, douze mètres cubes de terre sont déversés sur scène pour former une couche compacte et lisse. Ce décor de terre, c'est celui du Sacre du printemps, une oeuvre d'Igor Stravinsky que Pina Bausch a chorégraphié en 1975.
Trente-cinq minutes après, ce tapis sera saccagé par les piétinements nerveux et les trajets en diagonale répétitifs de trente-deux danseurs (seize hommes et seize femmes) saisis de frénésie. Il aura le goût du sang et de la peur, de l'effroi même, celui qui étreint lorsqu'un groupe désigne un bouc émissaire destiné à mourir.
Pina Bausch est morte en 2009, à l'âge de 69 ans. Sa version du Sacre, entrée au répertoire du Ballet de l'Opéra de Paris en 1997, est la pièce de danse la plus anxiogène que l'on connaisse. Elle serre le ventre et ne laisse quelques secondes de répit que pour donner un tour d'écrou supplémentaire à l'angoisse.
Scénographie :
Recouvre tous les éléments qui contribuent à établir l’atmosphère et le climat d’une production chorégraphique. Concerne la mise en scène dans toutes ses dimensions (visuelle, auditive, olfactive, spatiale, temporelle…). Ses éléments constitutifs participent du propos du chorégraphe. Ceux-ci sont multiples : décors, accessoires, lieux, costumes, sons, jeux de lumières, technologies de leur époque.
De la fin du 19ème siècle à nos jours :
Idée sous- jacente qu’au 19ème siècle la scénographie avait une fonction spécifique.
Tout au long du 20ème siècle : le rôle que les éléments scénographiques ont entretenu dans la création n’a cessé de varier et de se réinventer.
« A nos jours » suppose que l’utilisation de la scénographie dans le processus d’écriture chorégraphique continue d’évoluer encore aujourd’hui.
Élément constitutif :
Partie, composante d’un ensemble. La scénographie est un paramètre qui participe de la construction de la pièce chorégraphique. C’est donc une caractéristique fondamentale et incontournable de l’écriture chorégraphique.
Œuvre chorégraphique :
L’art chorégraphique renvoie à la notion de création, de parti-pris, de choix d’écriture, d’agencement du langage dansé (vocabulaire, volonté esthétique de l’artiste, espace, temps…) et à l’organisation des éléments scénographiques (univers sonore, décors, costumes…).
L’ensemble de ces éléments forme un tout, cohérent au regard du propos traité. L’œuvre est une production réalisée par un artiste, ici le chorégraphe, reconnue à un moment donné dans le « monde » de l’art.
Son utilisation :
Renvoie aux choix et à la manière dont le chorégraphe va convoquer les différents éléments scénographiques possibles au regard de son propos.
A varié :
Diversification et fluctuation des formes scénographiques, de leur combinaison. Variété à étudier au regard des époques.
- La diversité des éléments scénographiques.
- Les éléments scénographiques, illustration ou contrainte de la création.
- Le rôle et la place de la scénographie en création : degré d’implication des outils scénographiques au service de l’œuvre.
- Conception du corps et modes de mise en scène.
- La lumière, source de création d’espaces visibles.
- Place du danseur dans son interaction avec les éléments scénographiques.
- Place de la scénographie dans le processus d’écriture.
- Choix scénographiques et questionnements esthétiques.
- Hybridations entre les arts : évolution des modes de création chorégraphique.
- Qu’est-ce qui a changé fondamentalement, concernant la part accordée à la scénographie, depuis la fin du 19ème siècle ?
- Comment la scénographie témoigne-t-elle d’évolutions esthétiques ?
- Quels liens y-a-t-il entre scénographie et projet du chorégraphe ?
- Comment les éléments scénographiques contribuent-ils à appuyer le propos du chorégraphe ?
- A quel moment l’usage des éléments scénographiques interviennent-ils dans le processus d’écriture ?
- Comment la scénographie influence-t-elle une écriture chorégraphique ?
- De quelle manière est-on passé d’une scénographie illustrative à une scénographie interactive ?
- Quel lien y-a-t-il entre le mouvement dansé et les outils scénographiques ?
- Quelles conséquences sur le travail du corps ? Sur la création ? Sur l’écriture chorégraphique ?
- Comment les innovations technologiques ont-elles influencé le rapport à la scène ?
- Pourquoi les chorégraphes éprouvent-ils le besoin de faire autrement ?
- Le chorégraphe est-il scénographe ?
- Comment le lieu de représentation influence-t-il la scénographie ?
- Comment se sont construites et ont évolué les collaborations artistiques ?
- L’évolution des conceptions de la scénographie, comme source de nouvelles matières chorégraphiques.
- Quelle est la part de l’utilisation de la scénographie dans l’écriture d’une pièce chorégraphique ?
- A quel moment du processus chorégraphique (de la conception-création à la représentation) interviennent les choix liés à la scénographie ?
- Le statut de la scénographie dans l’écriture chorégraphique : un faire-valoir ? un propos en soi ?
Idée générale :
Fin 19ème, début du 20ème siècle : une écriture chorégraphique entre usages et conventions, la scénographie illustre le propos du chorégraphe.
Description du document :
Dans l’iconographie on peut voir :
- A l’arrière- plan au centre, présence d’un palais. L’architecture et les ornementations laissent penser que c’est un palais oriental. La couleur dorée et la taille imposante du palais renvoient à l’image du faste, d’une certaine richesse (palais princier).
- A l’arrière-plan à cour et à jardin, présence d’un décor pictural représentant une végétation dense et exotique.
- A l’avant du palais, présence d’un éléphant blanc, symbole de rareté et de richesse. Il est recouvert d’un tissu très travaillé et précieux (présence de fils dorés sur les motifs). La présence de l’animal nous renvoie à un pays exotique (Inde …).
- Un interprète est assis sur le dos de l’éléphant. Sa posture est érigée : port altier et mouvement de bras vers l’avant comme une adresse à autrui. Cette configuration en hauteur nous laisse penser que c’est le prince et qu’il a un rôle principal dans l’histoire.
- Au plateau présence d’une dizaine d’interprètes : les costumes et les postures permettent de distinguer des rôles et des groupes. L’alignement de certains, dans un même costume, dans une même gestuelle et dans une configuration spatiale identique, semble déterminer les statuts des personnages et préciser le contexte de l’histoire (serviteurs). D’autres sont vêtus de draperies riches et ornementées (nobles, princes…).
Au 19ème siècle, l’art a pour fonction de divertir. Les chorégraphes, maîtres de ballet de l’époque ont pour préoccupations de répondre à la conformité d’un livret qu’il faut narrer. La scénographie illustre le propos du chorégraphe et vient soutenir la compréhension de l’histoire.
- Au 19ème siècle la fonction principale de l’art est de divertir. Le plateau du théâtre (à l’italienne), lieu de démonstration, où la danse est destinée à être donnée à voir comme un spectacle. L’espace scénique utilisé est prioritairement central : décors et actions se passent au centre du plateau et correspondent aux codes d’écriture du ballet de l’époque
(hiérarchisation).
- L’utilisation d’accessoires renforce la compréhension pour le spectateur : la présence des objets est réelle et non métaphorique. La lecture proposée est donc commune à tous.
- Les costumes de danse correspondent au contexte de l’histoire qui se déroule : adéquation du style vestimentaire avec le lieu, les rôles des interprètes.
- Décors qui participent de la compréhension de l’histoire en lien avec la narration : pose le contexte.
Dans les ballets classiques, tous les éléments scénographiques sont au service de la narration.
Le lac des cygnes de Marius Petipa et Lev Ivanov en 1895.
- La hiérarchie du corps de ballet pour une mise en exergue d’un propos politique.
- Le mouvement est en adéquation avec un vocabulaire académique pour répondre aux exigences de l’écriture du ballet, émerveiller, plaire, séduire, divertir…
- Le motif musical est associé au personnage du cygne : par exemple, chaque motif sonore annonce l’arrivée du cygne en question.
- Les décors de la nuit, du lac, du palais…précisent le lieu et les moments de l’action.
- Les costumes définissent les personnages (cygne blanc, cygne noir, prince, sorcier).
Avec La Sylphide (1832) l'idéal romantique submerge la scène et la danse devient
aérienne.
Le corps est sublimé par le port des pointes soulignant l’élévation et le rapport spirituel d’un au-delà lié au propos. Dans certains écrits, on souligne l’invention de système d’élévation de la danseuse par des cordages et poulies, visant à renforcer
l’image surnaturelle. Certains chorégraphes du 20ème ou 21ème siècle utilisent quelques éléments scénographiques pour appuyer certains aspects de la narration.
- Roméo et Juliette (2009) de Sébastien Lefrançois : sélectionne et met en scène les moments emblématiques de l’histoire (scène du balcon, mariage, mort des protagonistes). Les costumes reprennent les codes vestimentaires hip-hop mais intègrent des détails historiques nous replongeant dans l’époque de Shakespeare (collerettes blanches, pantalons bouffants, vestes à basques).
Document 2 : texte Le « Sacre » de Pina Bausch : 35 minutes de terre, de sang et d’effroi, Rosita Boisseau, Le Monde, 2010.
Idée générale : La scénographie permet l’exploration de nouvelles mises en jeu du corps. Description du document :
dans le texte on peut lire :
- « 12m3 de terre sont déversés sur scène » : le plateau est recouvert de tourbe fraiche.
Cette scénographie est singulière car elle convoque l’odorat du spectateur.
- « …couche compacte et lisse », « ce tapis sera saccagé par les piétinements nerveux et
les trajets en diagonale répétitifs » : la scénographie est évolutive car reliée à l’action des interprètes sur ce sol particulier. La danse devenant de plus en plus frénétique, le sol lisse au départ finit par se défaire laissant la trace réelle de l’épreuve des corps dans la terre. La répétition des actions accentue la déformation.
- « Il aura le goût du sang et de la peur, de l’effroi même, celui qui étreint lorsqu’un
groupe désigne un bouc émissaire destiné à mourir… » : convoque une symbolique. Comme si le désordre de la matière sur le sol, reflétait le désordre des corps, des âmes, des sensibilités confrontés au sacrifice attendu. La terre devient un espace de jeu, sur lequel se joue l’enjeu du choix de l’élue. La terre prend ainsi « le visage » symbolique de la peur, de la confrontation… Dans le Sacre du printemps de Pina Bausch la terre entrave les appuis des danseurs et tache les costumes.
Le « corps libre » d’Isadora Duncan :
- Début 20ème, elle réagit à la contrainte imposée au corps par le tutu ou par les pointes. Elle danse nu-pieds, voire radicalement nue, et à l'extérieur, vêtue d'écharpes clinquantes et de fausses tuniques grecques. Corps qui se « dilue » dans un espace ouvert et multidirectionnel.
- Son cadre est la nature, son costume n’entrave plus le corps, et permet l’émergence d’une forme improvisée du mouvement.
Un espace contraignant, source d’une nouvelle écriture corporelle :
- L’après-midi d’un faune de V. Nijinski, ballet en un acte de 1912. Il casse la perspective et la profondeur du plateau traditionnel en faisant une proposition d’espace scénique délimité par la toile de Bakst et le rocher, à l’avant-scène sur un couloir de 1m de profondeur. Cette scénographie induit une proposition d’une gestuelle en à-plat, écrite sur le mode de la frise.
- Lamentation Martha Graham en 1930 : dans ce solo la chorégraphe utilise un long tube de tissu, assise sur un petit banc ; seuls ses pieds, visage et mains en émergent. L’intention de Martha Graham est de suggérer la tragédie qui hante le corps, la capacité que nous avons de nous dilater à l'intérieur de notre propre enveloppe, de percevoir et de mettre à l'épreuve les contours et les limites de la douleur. L’usage du costume permet ici de jouer sur des distorsions, l’enfermement et des étirements, métaphores du propos. La chorégraphe crée alors un espace fermé et oppressant au sein duquel elle lutte.
- Café Müller, 1978 : les tables et chaises sur le plateau participent de l’intensité dramatique voulue par la chorégraphe par l’interaction permanente du décor et des actions des danseurs. Tables et chaises sont repoussées par un interprète pour libérer l’espace de mouvement d’un autre interprète emporté par sa dynamique et une forme d’urgence.
- Projet de la matière, 1993 : les accessoires utilisés sont au service d’une perception et sensation du mouvement à éprouver et à restituer (Matelas d’eau, coussin d’air, tôle ondulée…). Dans la danse d’Odile Duboc : c’est l’organicité du mouvement qui est recherché et à travers elle, sa relation aux éléments.
- Celui qui tombe, Yoann Bourgeois, 2014 : Le chorégraphe utilise un plateau mouvant de six mètres sur six, tantôt suspendu en l’air telle une balançoire, tantôt juste posé en son centre, en équilibre fragile. Le chorégraphe utilise la structure de la plateforme mobile, faisant naitre chez ses danseurs, un jeu de mouvement précaire entre équilibre et déséquilibre. La scénographie imposante permet au chorégraphe de mettre son propos en direct.
- Waterproof, Daniel Larrieu, 1986 : chorégraphie dans une piscine. Pièce aux sonorités de combat avec l’élément liquide, une manière de respirer, de prendre de l’air, de conduire le mouvement. L’espace scénique est le bassin lui-même. Le travail intense en milieu aquatique conduit à l’expérimentation de champs inhabituels, et à la découverte d’un autre usage des sens, d’un autre mouvement.
Document 3 : Photo de Pixel, Mourad Merzouki, 2014
Idée générale : La scénographie modifie les modes de composition.
La fin du 20ème siècle ouvre la porte aux nouvelles technologies qui vont nourrir la création chorégraphique jusqu’à nos jours. L’intention des chorégraphes est alors de créer une nouvelle esthétique et de changer le format de la représentation.
La scène numérique contraste complètement avec les ballets, les scènes avec des décors fixes.
Les technologies changent les méthodes de création, allant plus loin que les éléments scénographiques précédents. Elles ouvrent des portes à des formes de création inédites, et des rapports renouvelés à la performance chorégraphique : abstraction / utilisation de nouvelles technologies / ouverture vers un espace tridimensionnel / le corps et ses réalités physiques en eu avec le monde virtuel.
Description du document : dans l’iconographie on peut voir :
- Une multitude de points lumineux épars, projetés en fond de scène.
- Le sol du plateau est envahi de points lumineux resserrés et organisés (lignes). Seuls
trois cercles se dessinent sur le sol, révélés par l’absence de pixel à ces endroits.
- Les trois danseurs sont chacun positionnés dans l’un des cercles, en mouvement dans
une gestuelle hip-hop.
Éléments d’analyse :
- L’éclairage du plateau n’est pas un jeu de lumière traditionnel. Le jeu de pixel utilise sculpte le plateau en y dessinant des formes géométriques définies.
- Le lien entre interprètes et spatialisation des pixels est souligné par la présence des
danseurs dans les cercles dessinés. Ce constat nous amène à penser qu’une interactivité existe entre la scénographie numérique et la mise en jeu du corps dansant.
- Le dialogue est d’autant plus fort que le volume du cercle inscrit au sol, rentre en écho avec le volume mobile des corps dans ce cercle.
- La lumière et la musique sculptent l’espace, par les vidéos et images interactives. La multitude de points lumineux, projetés sur un voile transparent et sur le tapis de sol, inondent l'espace scénique. Les images enrobent les corps, les surprennent, anticipent et suivent leurs mouvements. La scène devient un terrain de jeu où dialoguent des êtres réels dans un espace d’illusions.
Connaissances afférentes :
Le mouvement dansé et les innovations scénographiques Les chorégraphes s'emparent volontiers des innovations technologiques (vidéo, informatique, photo, capteurs de son et de mouvement, images, etc.) pour nourrir leur travail et développer de nouveaux processus d'écriture avant de les intégrer à leurs créations.
Au sein de la création chorégraphique, plusieurs tendances correspondant à un usage différent des supports numériques peuvent être aujourd’hui mises en évidence :
- une mise en scène intégrant un danseur, animal, objet…virtuel, double ou partenaire du danseur réel.
- la présence du corps dans un espace interactif, où le danseur réel crée son environnement scénique en direct.
- En 1965, Merce Cunningham introduit pour la première fois les technologies et le multimédia dans ses chorégraphies en privilégiant l’utilisation de la caméra et de l’image. M. Cunningham, avec son logiciel Lifeforms, chamboule l’espace corps en créant « figure editor », dont les possibilités physiques sont infinies. Il dépasse les limites de l’espace corps.
- Biped, M. Cunningham, 1999 : les danseurs ont des capteurs d’écran placés sur le corps et dialoguent ainsi avec leur propre image. Les concepteurs Kaiser et Eshkar, artistes numériques, ont enregistré 70 partitions de mouvement en format numérique qui sont ensuite projetés sur un voile à la face. Ces silhouettes virtuelles « dialoguent » avec les silhouettes réelles des corps des danseurs.
Le corps se détache des émotions. L’abstraction voulue et recherchée par le chorégraphe est réalisée par la superposition d’images réelles et virtuelles.
Jeu d'ombres et de lumières. Paysage fantastique où
les corps des danseurs se dédoublent, se laissent dépasser et avaler par leurs propres reflets obscurs. Ici, la vidéo est aussi réelle que le plateau lui-même : elle invoque des mondes merveilleux et les mêle aux corps en mouvement.
Le spectateur est partie prenante d’une
navigation chorégraphique 3D, il est acteur de son parcours. Il circule dans l’espace scénique et par sa déambulation déclenche des sons, des vidéos, des caméras, des lumières. L’espace scénique se matérialise, se dévoile au fur et à mesure de la navigation et l’interactivité est permanente.