PRATIQUE " Et si Pina Bausch revisitait le lac des cygnes"

Pratique

Cours & pédagogie

Et si Pina Bausch revisitait le lac des cygnes ?

Le projet de classe

Thème à l'étude

« La danse, une interrogation portée sur le monde »

AFL

-  S’engager corporellement et publiquement en explorant la relation à soi, la relation à l’autre, la relation à l’environnement ; 

-  Conduire un travail chorégraphique singulier, personnel selon une pratique de recherche ; 

-  Mener une analyse sur le mouvement, l’œuvre, l’artiste, la danse, en les situant dans leurs divers contextes 

-  Rendre compte de ses acquis et de ses potentialités, et être en capacité de valoriser ses atouts.

-  Rendre compte de ses acquis et de ses potentialités, et être en capacité de valoriser ses atouts.


Finalités

-  Aborder la danse par une approche à la fois sensible et scientifique qui prend en compte la diversité de ses esthétiques et de ses pratiques ; 

-   Acquérir des outils et des méthodes permettant de porter un regard éclairé sur la danse et de développer une pensée critique ; 

-  Elaborer son projet d’orientation en construisant, par les expériences vécues en danse, un itinéraire de formation singulier. 


séquences d’enseignement

Théorie:  "Comment les chorégraphes du 20éme siècle se sont appropriés les œuvres"

Pratique: « Et si Pina Bausch revisitait le lac des cygnes»

Grand oral: «Transmettre ma spécialité»


Intervenants artistes :

-  Intervention autour du lac de cygnes de Mats Ek - Emma Lewis (*2)

-  Intervention autour du lac de cygnes - Monique Loudieres (*1)


Compétences à acquérir


Créer

- S’engager dans une démarche personnelle, singulière, réfléchie et critique pour mener à terme un projet chorégraphique.

- Conduire un travail de recherche sur le corps (conscience du corps, qualités et paramètres du mouvement, techniques et codes gestuels, improvisation, corps producteur de sens, etc.).


Analyser

- Lire une œuvre chorégraphique (lecture sensible, lecture référencée) et la problématiser en mobilisant différentes connaissances et compétences (en danse, dans d’autres champs disciplinaires, dans d’autres arts)..

- Expliquer son expérience dansée et la problématiser

- Mener une recherche documentaire variée sur une question chorégraphique choisie.


Restituer 

- Présenter et interpréter une composition chorégraphique en affirmant des partis pris en matière d’écriture, de dramaturgie et de scénographie. 

- Discuter, débattre de la réception d’une œuvre, à l’écrit et à l’oral

- Rendre compte publiquement, selon différentes formes (installation, poster, conférence dansée, témoignage, montage documentaire…), de son parcours, de sa connaissance des métiers, des filières de formation, et des choix personnels opérés.


Matière animale et matière dansée


L’animalité est ici métaphore, métamorphose, qui relie imaginaire incorporé, transformation du corps dansant et genèse d’une danse singulière. Imiter un animal serait du registre de la comparaison et du mime, où la référence doit être signifiée. À sa différence, l’imaginaire de l’animal qui nous intéresse intervient en amont d’une volonté de signifier, comme image sensorielle et symbolique susceptible de générer un état de corps nouveau et une motricité inédite, chaque fois différents. Indépendamment d’une recherche de lisibilité, on devient un être hybride, singulier, ni soi, ni l’animal éprouvé, expérience d’une altérité reliée pourtant aux expérimentations et aux remémorations les plus intimes. L’imaginaire se déploie pour réactiver des mémoires, dépayser les sensations, en (re)découvrir de peu connues ou en inventer de nouvelles, inscrire des musicalités inédites, et plus prosaïquement sortir des références et connotations habituelles pour s’étonner soi-même.
Travailler sur l’animal permet d’explorer des paramètres fondamentaux de la danse: poids, énergies, impulsions, rythmes, etc., de devenir plus conscient-e de la pesanteur, des appuis au sol, du jeu de fibres musculaires peu exploitées. Le simple fait de jouer – à comprendre dans le sens du ludique et de l’écart modulable – avec ces paramètres, transforme le corps habituel en corps dansant. Se vivant animal, il expérimente d’autres énergies, d’autres rythmes vitaux (respiration, pulsations cardiaques), des contraintes morphologiques ou mécaniques nouvelles ; il crée des motricités, des musicalités, des combinaisons physiques. L’expérience imaginaire de l’animal permet d’échapper aux schémas moteurs engrammes, donc, d’une certaine façon, à l’anatomie, et de traverser des états et des façons de se mouvoir encore inconnus. La qualité du mouvement et sa précision trouveront leur origine dans les perceptions mêmes, et non dans la représentation que l’on se fait du mouvement ou de ce qu'il donne à voir : devenir invertébré-e n’est pas donner l’illusion d’être dépourvu-e de squelette, donner une amibe ou une anémone de mer à voir, mais explorer un état de corps et de perception qui
génère une danse particulière. Pour le regard extérieur, celle-ci pourra demeurer tout à fait abstraite, mais n’en sera pas moins marquée d’une qualité singulière, étrange sans doute. On peut aussi inventer son animal, multiplier articulations ou les palpes, devenir luminescent-e, respirer avec la peau, ... La peau, les muscles, les articulations deviennent poreux à une sensation à la fois intérieure et extérieure. On s’inscrit dans de nouveaux ressentis, de nouvelles formes et de nouveaux rythmes, pour les moduler, les orchestrer, dans un constant va-et-vient entre la perception suscitée par l’image, l’état du corps qui se crée et modifie en retour l’image. C’est dans l’espace des sens et du sens ainsi ouvert que le mouvement devient poétique.
Se créer en s’inventant, et en inventant une danse singulière, c’est aussi découvrir l’étendue et la profondeur de sa propre capacité
de métamorphose, donc de son être même. La métaphore animale est bien davantage qu’une méthode de création, il y va de l’identité, d’une recherche identitaire. Recherche intime, constamment reliée à une dimension collective d’altérité – devenir autre – et à une dimension d’universalité, comme toute référence à la Nature et aussi par la dimension culturelle symbolique de chaque l’animal. Elle est surtout jouissance, jouissance sensorielle procurée par l’expérimentation d’un autre corps ; et jouissance d’échapper, dans l’instant de la sensation, aux contraintes tant biologiques que sociales : la métamorphose animale est bien souvent porteuse d’une dimension transgressive.


Revisiter le lac des cygnes a la manière de Pina Bausch



Accroche: De nombreux chorégraphes ont revisité le Lac des cygnes.
Et si Pina Bausch en avait fait une pièce chorégraphique?



A vous de composer:

Construire votre lac des cygnes à la manière de Pina Bausch


A rendre:

- recherche documentaire

- choix d'espace

- choix musique et traitement du temps

- choix d'écriture

- choix de formes corporelles

- choix de démarche de création

- choix de scénographie

Révisions et vocabulaires

A la manière de Pina Bausch: la déambulation

Consigne, créer sa déambulation sur le thème du lac des cygnes

Thème: les relations humanité/animalité

Construire 5 gestes représentatifs des relations homme/femme 1geste=8 temps

En marchant: enchaîner les 5 gestes

A la manière de Pina Bausch: la transposition

Consigne, créer une transposition sur le thème du lac des cygnes

A la manière de Pina Bausch: la répétition

Consigne, créer une répétition sur le thème du lac des cygnes


Si vous décidez d'interpréter les quatre petits cygnes

Si vous décidez d'interpréter la mort du cygne

Si vous choisissez d'interpréter le pas de deux

Travaux d'élèves

Projets transdisciplinaires « Danser les œuvres plastiques

Partenariat avec le Musée de la Photographie Charles Negre.

 


 Performances dansées et médiations au musée.

 « La panthère des neiges », créations inspirées par l'exposition Vincent Munier.

Co enseignement danse/ arts plastiques le 28 novembre

Évènements le 14 décembre  au musée pour le fin de l'exposition.



Projet « Transmettre ma spécialité »

« Re- Visiter une œuvre »

Collaboration arts plastiques danse au musée. Cheret  (travail pratique et créations)

– Revisiter le Lac des Cygnes - cours théorique des danseurs pour les plasticiens (7 novembre)

– Traversée subjective de l'histoire de l'art, démonstration d'analyses croisées - cours Théorique des plasticiens vers les danseurs (9 janvier)

 


Munier

Amoureux des grands espaces sauvages et voyageur de l’extrême, Vincent Munier est un des plus grands photographes animaliers de sa génération. Depuis plus de 20 ans, il parcourt les paysages les plus sauvages pour en rapporter des images incroyables de la vie au cœur des déserts de glace et de roche les plus rudes. Inspiré par les estampes des peintres japonais et l’art minimaliste, son travail met en scène l’animal au cœur de son environnement.


Avec « Les 3 Pôles », Vincent Munier nous offre une saisissante immersion au cœur de ces régions du bout du monde aux conditions extrêmes avec près d’une cinquantaine de photographies prises au cours d’expéditions engagées, en solitaire et en autonomie. 

Il nous transporte dans le blanc envoûtant de l’Arctique, de l’Antarctique en suivant la piste d’animaux mythiques comme le loup arctique, l’ours polaire, le bœuf musqué, le manchot empereur.

Au Svalbard, au Nunavut, en Terre Adélie, Vincent Munier a ce don pour y photographier l’animal dans toute sa splendeur et sa noblesse.

Son dernier voyage l’a emmené sur les hauts plateaux du Tibet que Vincent Munier surnomme « le troisième pôle ».

ci, le photographe est parti sur les traces de la fameuse et très rare panthère des neiges. Mais l’explorateur a également croisé sur son chemin de nombreux autres animaux, parmi lesquels le renard du Tibet, ou encore le chat de Pallas, et des troupeaux de yacks sauvages et d’ânes kiangs…


Retraçant sa dernière expédition au Tibet avec Sylvain Tesson pour lui prêter sa plume d’écrivain voyageur, La Panthère des neiges (2021), coréalisé avec Marie Amiguet, a obtenu en 2022 le César du meilleur film documentaire. Ce film est projeté dans le musée pendant toute la durée de l’exposition.

Biographie

Vincent Munier est né à Épinal, dans les Vosges, en 1976. Son enfance se passe à construire des affûts, bivouaquer en forêt, descendre des rivières en canoë, escalader des parois… Son père, Michel, écologiste de la première heure, lui dévoile ses astuces de campeur et lui transmet le besoin viscéral d’ « entrer dans la forêt sur la pointe des pieds ». Vincent a 12 ans lorsque, dissimulé sous une toile de camouflage et tremblant d’émotion, il réalise son premier cliché de chevreuil.

Après le lycée, ses voyages l’emmènent d’abord dans les forêts primaires des pays de l’Est pour croiser ours, lynx, loups, puis en Scandinavie pour suivre le périple migratoire des grues cendrées. En 1999, il publie son premier livre, Le Ballet des grues.

Ouvrier horticole, maçon, photojournaliste, il cumule les petits boulots pour financer l’achat de matériel. Encouragé par quelques succès dans le concours Wildlife Photographer of the Year organisé par la BBC, il décide en 2002 de se consacrer exclusivement à la photographie de la vie sauvage. Grâce à une bourse, il passe trois mois sur l’île d’Hokkaïdo pour photographier les grues du Japon et les cygnes chanteurs sous la neige. En sortira le livre Tancho (2004), personnel et poétique.

Vincent se fait connaître par une écriture photographique unique, inspirée par les estampes japonaises et l’art minimaliste : la brume, la pluie, la neige et le blizzard habillent paysages et animaux, dont on distingue parfois à peine les silhouettes. Ses images naissent de quêtes de plus en plus lointaines et de longues patiences pour se faire oublier des légitimes habitants de la nature : loups d’Éthiopie, ours bruns du Kamtchatka, loups blancs et bœufs musqués de l’Arctique, panthères des neiges du plateau tibétain, manchots empereurs de l’Antarctique…

En 2013, il passe un mois seul et sans assistance sur l’île glacée d’Ellesmere, dans l’Arctique canadien, par 80° de latitude nord. Une meute de neuf loups blancs vient à sa rencontre : ces « fantômes de la toundra » se retrouveront dans son livre Arctique (2015).

De la panthère des neiges, autre prédateur élusif qu’il photographie pour la première fois au printemps 2016 sur le haut plateau tibétain, il tirera deux livres en 2018, dont Tibet, minéral animal avec l’écrivain voyageur Sylvain Tesson.

Ses photographies sont publiées dans la presse, font l’objet d’expositions et sont montrées dans des galeries d’art en France et en Suisse. Vincent est l’auteur d’une douzaine de livres et a fondé les éditions Kobalann en 2010 (www.kobalann.com). Dans la langue des Évènes, peuple nomade de la toundra sibérienne, le mot désigne l’ours bruns, animal mythique qui peuple les contes et légendes, que Vincent a photographié au Kamtchatka, dans l’Extrême-Orient russe. Aujourd’hui, Kobalann est aussi dédié à la production de films : Ours, simplement sauvage (2019), coréalisé avec Laurent Joffrion ; La Panthère des neiges (2021) avec Sylvain Tesson, coréalisé avec Marie Amiguet obtient le César 2022 du meilleur film documentaire.

Tibet : minéral animal de Vincent Munier
LES FRUITS IMMOBILES

Se tenir à l'affût, c'est accepter qu'il ne se passe rien.
Il fait froid, on respire mal, on se tait, on se camoufle, on s'annule,
on finira par oublier sa propre présence, vertu suprême.
On attend l'animal et, contre le dogme du "tout, tout de suite",
il conviendra de préférer le "peut-être, jamais",
exercice douloureux pour un homme moderne!
En voyage, l'espace défile et les jours se succèdent avec leur lot d'imprévus.
A l'affût, c'est le temps qui imprime ses infimes nuances.
La lune se lève, un rapace trace sa boucle dans le ciel,
une colonne de poussière monte, un mammifère apparaîtra peut-être.
Rien n'est moins sûr.
Parfois, seul le silence s'offrira à notre patience.
La récompense se tiendra dans l'attente elle-même.
Quand on aime passionnément la vie, on n'exige pas qu'elle se montre.


Tibet : minéral animal de Vincent Munier
LE LOUP EST UN LOUP POUR L'OMBRE

Sa silhouette de mauvais garçon rode et court par-delà l'horizon.
Il a toujours l'air d'avoir fait un mauvais coup.
On ne le prend jamais sur le fait.
Rapide, il est libre. En mouvement, il est partout chez lui.
On croirait François Villon s'enfuyant sans le remords aux trousses.
Il court, il chasse, il tue, il chante : une belle vie, plein vent. 
Sa nuit est une fête du sang et de la mort.
La cruauté est absente de ses chasses.
Le loup a lu Humain, trop humain de Friedrich Nietzsche :
"Et la vie au moins ce n'est pas la morale qui l'a inventée."
Les bêtes sont "par-delà le bien et le mal". Elles vibrent dans la vérité du présent.
La morale a été inventée par l'homme qui avait quelque chose à se reprocher.

Tibet : minéral animal de Vincent Munier
L'OEIL NE SAIT PAS CE QU'IL VOIT

Elle se tient là, couchée au pied de la falaise,
présente et invisible, discrètement dominatrice.
Sa robe est mouchetée d'voire et de poussière.
Taches de nacre, ombres d'obsidienne, larmes d'or.
Le ciel et la terre, le jour et la nuit sont fondus dans son pelage.
On braque la lunette sur son corps mais l'oeil met un moment à le discerner.
L'esprit tarde à accepter ce qu'il n'attendait pas.
Le regard peine à voir ce qu'il ne connaît pas.
Notre raison, soudain, comprend que la bête se tient là, postée de pleine face.
Le paysage, par une étrange illusion d'optique, semble se résorber tout entier dans son corps.

Ce n'est plus la panthère qui est camouflée dans le paysage,
mais le monde qui s'est incorporé à elle.

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