OEUVRE - TANZABEND II , Pina Bausch, Cri d’alarme et de guerre!

Dossier - Cri d’alarme de Pina Bausch
DANSE La nature de Pina Bausch. L’écologie envahit l’œuvre de la chorégraphe. Cri d’alarme et de guerre! TANZABEND II 

Ce dossier propose d’explorer comment Pina Bausch, une figure emblématique de la danse contemporaine, intègre les défis écologiques dans ses œuvres chorégraphiques. À travers l’étude de sa pièce «Tanzabend II», nous analyserons les méthodes et les messages que Bausch utilise pour sensibiliser son public aux enjeux environnementaux

I. La Nature comme protagoniste


Dans «Tanzabend II», Pina Bausch transforme la scène en un véritable écosystème, où la neige épaisse, les arbres élancés et l’ours polaire ne sont pas de simples éléments décoratifs, mais des protagonistes à part entière. Cette mise en scène immersive crée un univers où la nature reprend ses droits, s’imposant au centre de l’attention et invitant le spectateur à réfléchir à son rapport au monde naturel.


L’utilisation de projections de paysages naturels comme des fleurs, champs de blé, et des dunes enrichit cette immersion, en enveloppant les danseurs et le public dans un kaléidoscope d’images de la terre. Ces projections ne sont pas seulement esthétiques ; elles servent un double objectif. D’une part, elles célèbrent la beauté et la diversité de la nature, rappelant ce que nous risquons de perdre face aux crises écologiques. D’autre part, elles créent un contraste poignant avec les scènes où les danseurs semblent asphyxiés ou immobilisés, soulignant ainsi l’urgence et la gravité de la situation environnementale.


La nature, dans «Tanzabend II», est donc loin d’être un simple fond. Elle est une voix qui parle, un personnage qui agit et réagit, et surtout, un miroir qui reflète nos propres contradictions et vulnérabilités. En plaçant la nature au cœur de son œuvre, Pina Bausch nous invite à contempler sa majesté, à ressentir sa fragilité, et à prendre conscience de l’impact destructeur de l’homme sur son environnement. Cette démarche artistique ne cherche pas seulement à émouvoir ; elle aspire à éveiller les consciences et à inciter à l’action pour la préservation de notre monde.

II. La Danse comme cri d’alarme


Dans la chorégraphie de Pina Bausch, la danse devient un cri d’alarme évoquant les défis écologiques, où le corps en mouvement reflète à la fois la beauté et la vulnérabilité de la nature. À travers différentes pièces, Bausch a su illustrer le lien profond entre l’homme et son environnement, ainsi que les conséquences de leurs interactions.


«Le Sacre du printemps» (1975) est une œuvre emblématique où le corps exprime la brutalité du cycle naturel. Les danseurs évoluent sur une scène couverte de terre, symbolisant leur connexion intrinsèque à la nature. Leurs mouvements, parfois violents, parfois pleins de désespoir, reflètent les processus naturels de vie, de mort et de renaissance, soulignant l’impact humain sur ces cycles.


Dans «Café Müller» (1978), bien que l’accent ne soit pas directement mis sur l’écologie, les corps naviguent dans un espace restreint et encombré, métaphore des limitations physiques imposées par l’environnement construit par l’homme. Les mouvements répétitifs et parfois mécaniques des danseurs rappellent comment les actions humaines peuvent être en décalage avec les besoins de la nature.


«Nelken» (1982) présente une scène couverte de milliers de œillets, créant un contraste saisissant entre la beauté naturelle et sa fragilité face à l’intervention humaine. Les danseurs se déplacent avec précaution ou avec brusquerie parmi les fleurs, symbolisant le pouvoir destructeur de l’humanité sur l’environnement. Cette pièce illustre clairement comment Bausch utilise la danse pour commenter les relations complexes entre les êtres humains et la nature.




À travers ces œuvres, Bausch parvient à transmettre un message d’urgence face à la crise environnementale. La danse devient un langage puissant pour exprimer les inquiétudes écologiques, en montrant comment nos corps et nos actions sont inextricablement liés à la terre qui nous nourrit. Les réactions du public face à ces représentations sont souvent fortes, provoquant une prise de conscience et, idéalement, inspirant un changement dans notre manière de vivre avec notre environnement.

III. Vers un engagement artistique renouvelé

L’évolution du thème écologique dans l’œuvre de Bausch


Vers un engagement artistique renouvelé, l’évolution du thème écologique dans l’œuvre de Pina Bausch est marquée par une profondeur et une intensité croissantes. En comparant des œuvres antérieures telles que «La Plainte de l’impératrice» à son dernier travail, «Tanzabend II», on observe un changement significatif dans la manière dont Bausch aborde les enjeux écologiques. Dans «La Plainte de l’impératrice», bien que l’accent soit mis sur la relation entre l’homme et son environnement, le ton adopté est plus contemplatif, explorant les interactions humaines avec la nature de manière abstraite et souvent métaphorique.


Avec «Tanzabend II», Bausch franchit un pas supplémentaire vers un engagement direct et explicite envers les défis écologiques. Le passage d’un ton initialement pessimiste à un message plus confiant mais désespéré révèle une évolution dans la vision de Bausch concernant l’avenir de notre planète. Ce changement de ton suggère une urgence accrue face à la détérioration de l’environnement, poussant le spectateur à la réflexion et à l’action.

L’impact culturel et social de l’œuvre de Bausch, en particulier dans le contexte des enjeux écologiques, est profond. En tant qu’artiste, Bausch utilise la danse pour sensibiliser le public aux problèmes environnementaux d’une manière unique et puissante. Son approche, qui intègre des éléments visuels frappants et des messages émotionnellement chargés, établit un lien direct entre l’art et l’activisme. Cela permet non seulement de mettre en lumière les défis écologiques, mais aussi d’inspirer une réflexion plus profonde sur notre relation avec la nature et notre impact sur celle-ci.


En invitant les spectateurs à contempler leur propre interaction avec l’environnement, Bausch propose des pistes d’action concrètes. Par le biais de «Tanzabend II», elle ne se contente pas de présenter une critique de la situation actuelle, mais encourage également le public à envisager des modes de vie plus durables. Cet appel à l’action est d’autant plus efficace qu’il est véhiculé par le langage universel de la danse, rendant le message accessible à un large public.


En somme, l’évolution du regard de Pina Bausch sur les défis écologiques reflète une prise de conscience croissante de la gravité de la situation environnementale mondiale. À travers ses œuvres, elle démontre le pouvoir de l’art comme vecteur de changement social et environnemental, soulignant l’importance d’une action collective pour préserver notre planète pour les générations futures.

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