OEUVRE - "La table verte" de Kurt Jooss, ballet politique

Dossier - La table verte de Kurt Jooss, ballet politique
En quoi l’œuvre «La table verte» de Kurt Joos est une œuvre politique engagée?

 L’œuvre de Kurt Jooss, en particulier sa chorégraphie emblématique «La Table verte», représente un témoignage poignant de l’engagement politique et social d’un artiste à travers le médium de la danse. Cette pièce, créée en 1932, au cœur de l’entre-deux-guerres, se distingue par sa critique virulente des mécanismes politiques et des horreurs de la guerre. L’analyse de son œuvre sous l’angle de l’engagement politique se déploie autour de trois axes principaux : la dénonciation des horreurs de la guerre, la critique des mécanismes politiques, et l’humanisme profond qui s’en dégage.

1. La dénonciation des horreurs de la guerre



La Table verte, dès son ouverture, plonge le spectateur dans une atmosphère de négociations politiques où les décisions semblent se prendre à la légère, sans considération pour les conséquences tragiques sur les vies humaines. L’un des passages les plus marquants est celui où les diplomates, assis autour d’une grande table verte, miment des discussions stériles à travers une danse mécanique et désincarnée. Ce tableau représente une critique acerbe du processus diplomatique qui mène inévitablement à la guerre. Jooss utilise le langage corporel pour mettre en lumière l’absurdité et la déconnexion des dirigeants face à la réalité du conflit, incarnant ainsi une véritable dénonciation des horreurs de la guerre.



2. La critique des mécanismes politiques


Au-delà de la simple dénonciation de la guerre, l’œuvre de Jooss critique également les mécanismes politiques qui permettent son émergence. La scène où les diplomates se lèvent et se rassoient autour de la table, en un ballet cynique de faux-semblants, symbolise le jeu politique vide et répétitif qui précède les conflits. Cette partie de la chorégraphie met en évidence la manière dont les décisions sont prises sans égard pour l’humanité, soulignant le décalage entre les sphères du pouvoir et les réalités du peuple. Par cette critique, Jooss exprime son engagement contre une politique détachée des préoccupations humaines et sociales, montrant combien ces mécanismes sont déconnectés des conséquences réelles de leurs actions.

3. L’humanisme profond qui s’en dégage



Enfin, malgré la noirceur des thèmes abordés, l’œuvre de Jooss est empreinte d’un humanisme profond. Cela transparaît notamment dans les passages où les victimes de la guerre sont représentées. Un moment particulièrement émouvant est celui de la danse des veuves, où les femmes expriment leur douleur et leur solitude après la perte de leurs proches au combat. À travers ces personnages, Jooss rend hommage à la résilience humaine face à l’adversité et critique subtilement la guerre en soulignant ses conséquences dévastatrices sur l’individu et la société. Cette partie de l’œuvre met en lumière l’empathie de Jooss pour les souffrances humaines et son désir de voir triompher des valeurs telles que la paix et la solidarité.



En conclusion, l’œuvre de Kurt Jooss, avec «La Table verte» comme exemple emblématique, se révèle être un puissant plaidoyer politique et social. À travers sa critique des horreurs de la guerre, des mécanismes politiques et son humanisme profond, Jooss utilise la danse pour communiquer un message universel sur les conséquences tragiques des conflits et sur l’importance de l’empathie et de l’engagement politique. Son œuvre demeure un témoignage poignant de l’impact que peut avoir l’art dans la critique sociale et politique, rappelant que derrière chaque décision se trouvent des vies humaines dont il convient de prendre soin.   

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