Enseignement de spécialité danse - classe de première
- Quelles sont les injonctions faites aux hommes et aux femmes aujourd’hui
- comment vais je rendre signifiant ces injonctions par le mouvement
À propos de la vidéo «Be a lady they said»
Le monde dans lequel nous vivons est rempli de stéréotypes et de normes imposées par la société. Ces normes sont souvent injustes et oppressives, en particulier pour les femmes. La vidéo «Be a lady they said» est un exemple poignant de la façon dont les femmes sont constamment soumises à des attentes irréalistes et à des pressions sociales.
La vidéo, réalisée par Girls. Girls. Girls. Magazine, présente une narration puissante de Cynthia Nixon, l’actrice connue pour son rôle dans la série télévisée Sex and the City. Les images qui accompagnent sa narration sont des extraits de publicités, de films, de clips musicaux et d’émissions de télévision qui montrent les attentes irréalistes auxquelles les femmes sont confrontées tous les jours.
La vidéo commence par la phrase «Sois une dame, ont-ils dit», qui est répétée tout au long de la narration. Cette phrase est utilisée pour illustrer les attentes contradictoires auxquelles les femmes sont confrontées. D’un côté, on attend d’elles qu’elles soient douces, polies, souriantes et bien habillées. De l’autre côté, on attend d’elles qu’elles soient fortes, indépendantes, confiantes et ambitieuses.
La vidéo montre également comment les femmes sont constamment jugées sur leur apparence physique. Les publicités et les médias présentent des images irréalistes de femmes minces et parfaitement maquillées, ce qui crée des attentes impossibles à atteindre pour la plupart des femmes. Les femmes sont également jugées sur leur âge, leur poids, leur couleur de peau et leur apparence physique en général.
La vidéo aborde également le sujet du consentement sexuel. Les femmes sont souvent victimes d’agressions sexuelles ou harcelées sexuellement, mais on leur reproche souvent d’avoir été «trop provocantes» ou d’avoir «cherché» ce qui leur est arrivé. La vidéo souligne que le consentement sexuel doit être donné librement et sans pression.
Enfin, la vidéo se termine par une phrase puissante : «Sois toi-même, ont-ils dit». Cette phrase est utilisée pour encourager les femmes à être fières de qui elles sont et à ne pas se conformer aux attentes oppressives de la société. Les femmes doivent être libres de vivre leur vie comme elles l’entendent, sans avoir à se soucier des jugements des autres.
En conclusion, la vidéo «Be a lady they said» est un appel à l’action pour que la société cesse d’imposer des normes oppressives aux femmes. Les femmes doivent être libres de vivre leur vie comme elles l’entendent, sans avoir à se soucier des attentes irréalistes de la société. Il est temps que nous commencions à reconnaître la valeur et la force des femmes telles qu’elles sont, sans chercher à les changer ou à les conformer à des normes injustes.
S'approprier le texte, les éléments, la construction et le sens
Choisir et apprendre certaines phrases
Filmer les séquences parlées (attention, posture élocution, rythme)
Soyez une dame, disaient-ils. Ta jupe est trop courte. Votre chemise est trop basse. Ton pantalon est trop serré. Ne montrez pas autant de peau. Ne montrez pas vos cuisses. Ne montrez pas vos seins. Ne montre pas ton ventre. Ne montrez pas votre décolleté. Ne montrez pas vos sous-vêtements. Ne montrez pas vos épaules. Couvrir. Laissez quelque chose à l’imagination. Habillez-vous modestement. Ne soyez pas une tentatrice. Les hommes ne peuvent pas se contrôler. Les hommes ont des besoins. Vous avez l’air maussade. Se détendre. Montrez un peu de peau. Ayez l’air sexy. Semble chaud. Ne soyez pas si provocateur. Vous le demandez. Portez du noir. Porter des talons. Tu es trop habillé. Tu es trop habillé. Ne portez pas ces pantalons de survêtement ; tu as l’air de t’être laissé aller.
Soyez une dame, disaient-ils. Ne sois pas trop gros. Ne soyez pas trop mince. Ne soyez pas trop grand. Ne soyez pas trop petit. Dévorer. Mincir. Arrêtez de manger autant. Ne mangez pas trop vite. Commandez une salade. Ne mangez pas de glucides. Sautez le dessert. Vous devez perdre du poids. Enfile cette robe. Faire un régime. Surveillez ce que vous mangez. Mangez du céleri. Chewing gum. Boire beaucoup d’eau. Tu dois rentrer dans ce jean. Mon Dieu, tu ressembles à un squelette. Pourquoi tu ne manges pas ? Vous avez l’air émacié. Tu semble malade. Mangez un hamburger. Les hommes aiment les femmes qui ont de la viande sur les os. Soyez petit. Soyez léger. Soyez petit. Soyez petite. Soyez féminine. Soyez une taille zéro. Soyez un double zéro. Ne sois rien. Soyez moins que rien.
Soyez une dame, disaient-ils. Retirez vos poils. Rasez-vous les jambes. Rasez-vous les aisselles. Rasez votre ligne de bikini. Épilez votre visage. Épilez vos bras. Épilez vos sourcils. Débarrassez-vous de votre moustache. Blanchissez ça. Blanchissez ça. Éclaircissez votre peau. Bronzez votre peau. Éradiquez vos cicatrices. Couvrez vos vergetures. Contractez vos abdominaux. Repulpez vos lèvres. Botoxez vos rides. Soulevez votre visage. Rentrez votre ventre. Affinez vos cuisses. Tonifiez vos mollets. Rehaussez vos seins. Ayez l’air naturel. Sois toi-même. Soyez authentique. Soyez confiant. Vous faites trop d’efforts. Vous avez l’air exagéré. Les hommes n’aiment pas les filles qui font trop d’efforts.
Soyez une dame, disaient-ils. Maquiller. Préparez votre visage. Cachez vos imperfections. Contournez votre nez. Mettez en valeur vos pommettes. Tapissez vos paupières. Remplissez vos sourcils. Allongez vos cils. Colorez vos lèvres. Poudre, blush, bronze, highlight. Vos cheveux sont trop courts. Vos cheveux sont trop longs. Vos extrémités sont divisées. Mettez en valeur vos cheveux. Vos racines sont visibles. Teindre tes cheveux. Pas bleu, ça n’a pas l’air naturel. Tu deviens gris. Tu as l’air si vieux. Sembler jeune. Ayez l’air jeune. Ayez l’air sans âge. Ne vieillissez pas. Les femmes ne vieillissent pas. Le vieux est laid. Les hommes n’aiment pas le laid.
Soyez une dame, disaient-ils. Sauve toi. Soyez pur. Soyez virginal. Ne parlez pas de sexe. Ne flirtez pas. Ne sois pas une salope. Ne sois pas une pute. Ne dormez pas. Ne perdez pas votre dignité. N’ayez pas de relations sexuelles avec trop d’hommes. Ne vous trahissez pas. Les hommes n’aiment pas les salopes. Ne soyez pas prude. Ne sois pas si tendu. Amusez-vous un peu. Souris plus. Hommes de plaisir. Soyez expérimenté. Soyez sexuel. Soyez innocent. Soyez sale. Soyez virginal. Soyez sexy. Soyez la fille cool. Ne sois pas comme les autres filles.
Soyez une dame, disaient-ils. Ne parlez pas trop fort. Ne parlez pas trop. Ne prenez pas de place. Ne reste pas assis comme ça. Ne reste pas comme ça. Ne soyez pas intimidant. Pourquoi es-tu si malheureux ? Ne sois pas une garce. Ne sois pas si autoritaire. Ne soyez pas assertif. N’en faites pas trop. Ne soyez pas si émotif. Ne pleure pas. Ne crie pas. Ne jure pas. Soyez passif. Obéir. Endurer la douleur. Soyez agréable. Ne vous plaignez pas. Laissez-le tomber doucement. Boostez son ego. Faites-le tomber amoureux de vous. Les hommes veulent ce qu’ils ne peuvent pas avoir. Ne vous trahissez pas. Faites-le travailler pour cela. Les hommes adorent la chasse. Pliez ses vêtements. Préparez son dîner. Gardez-le heureux. C’est le travail d’une femme. Tu feras une bonne épouse un jour. Prenez son nom de famille. Vous avez coupé votre nom ? Féministe folle. Donnez-lui des enfants. Vous ne voulez pas d’enfants ? Vous le ferez un jour. Vous changerez d’avis.
Soyez une dame, disaient-ils. Ne vous faites pas violer. Protège toi. Ne buvez pas trop. Ne marchez pas seul. Ne sors pas trop tard. Ne t’habille pas comme ça. N’en montrez pas trop. Ne vous enivrez pas. Ne laissez pas votre verre. Ayez un copain. Marchez là où il est bien éclairé. Restez dans les quartiers sûrs. Dites à quelqu’un où vous allez. Apportez du gaz poivré. Achetez un sifflet pour viol. Tenez vos clés comme une arme. Suivez un cours d’auto-défense. Vérifiez votre coffre. Verrouillez vos portes. Ne sortez pas seul. N’établissez pas de contact visuel. Ne battez pas vos cils. N’ayez pas l’air facile. N’attirez pas l’attention. Ne travaillez pas tard. Ne faites pas de sales blagues. Ne souriez pas aux étrangers. Ne sors pas la nuit. Ne faites confiance à personne. Ne dis pas oui. Ne dites pas non.
«Soyez simplement une dame», disaient-ils.
Thème: les relations homme/femme
Attention vos choix doivent être en lien avec les «injonctions» faites aux femmes ou aux hommes - faire des choix de phrases et d’injonctions
Construire 5 gestes représentatifs des relations homme/femme 1geste=8 temps
En marchant: enchainer les 5 gestes
A partir du travail réaliser choir trois injonctions et proposez des images fortes en mouvement, symboliques succeptibles d’être montées en vidéo
Choisir la maniére de filmer la danse et les plans
Proposer un tournage collectif du film «Nos injonctions»
«Huit hommes de divers horizons se volent dans les plumes et interrogent ensemble le patriarcat et la masculinité. Épatant et joyeusement explosif !»
Ce titre La Tendresse, comme notre dernière création Désobéir, contient une ligne souterraine qui agit comme un programme.
Les filles de Désobéir devaient mentir aux autres pour s’affranchir des injonctions de la famille, de la société ou de la tradition. Les garçons de La Tendresse, eux, ont souvent dû se mentir à eux-mêmes pour appartenir au « groupe des hommes », pour correspondre à la « fabrique du masculin ». Pourtant, chacun à leur manière, ils ébranlent les assignations d’une identité d’homme fondée sur la performance, la force, la domination de soi et des autres.
En se demandant « comment être un mec bien aujourd’hui ? », ils font bouger les lignes d’une éducation reçue. Nous postulons avec eux que c’est sans doute dans l’acceptation de sa vulnérabilité, dans l’accès à ses sentiments, dans la revendication d’une égalité de faits entre les hommes et les femmes (plutôt qu’une complémentarité de principes qui reste l’arme du patriarcat) – que réside l’une des clefs de la réinvention de soi.
L’envers d’un questionnement sur le patriarcat
« Façonné par des millénaires de stéréotypes, d’iconographies, d’institutions, de fantasmes, le modèle du « mâle traditionnel » semble toujours asseoir, de façon parfois triomphante ou parfois pernicieuse, une domination sur les femmes. Mais aussi, ce qui semble moins analysé, une domination sur les hommes dont la masculinité est disqualifiée et jugée illégitime. Or les fondements de la construction du genre masculin, les masculins en devenir, ne sont que très rarement questionnés du point de vue des hommes et de la jeunesse. Malgré les avancées menant à une égalité de droit formelle dans nos sociétés occidentales entre les hommes et les femmes, les structures archaïques du patriarcat continuent d’influencer nos comportements. Elles façonnent nos rapports et nos imaginaires, et ce dans toutes les strates de la société, et dans la plupart des cultures, même si elles prennent des formes différentes selon les contextes sociaux et culturels. Dans ce deuxième volet, La Tendresse, nous avons souhaité poursuivre cette réflexion en abordant le sujet sous un autre angle, celui de la construction de la masculinité. En effet, nous pensons que le masculin reste une forme d’impensé. Le masculin, de façon inconsciente, est une norme qui englobe et définit le féminin. Avec l’équipe, nous avons mené un travail documentaire immersif auprès de garçons, qui sont au moment de leur construction en prise avec les conditionnements et les idées reçues qui s’imposent comme modèle.Pourtant, à cet âge, il est encore possible de se réinventer. Nous avons veillé à questionner des jeunes hommes originaires de différents horizons géographiques et sociaux pour donner une voix à différents impératifs et imaginaires de l’homme. Si les filles de Désobéir devaient souvent mentir pour s’inventer en-dehors des carcans imposés, les garçons de La Tendresse, eux, ont souvent dû se mentir à eux-mêmes pour se sentir appartenir au « groupe des hommes », pour correspondre à une certaine « fabrique du masculin ».
Ensemble, nous avons ouvert un champ de questionnement : Peut-on s’inventer « homme » par-delà les cadenas normatifs ? Qu’est-ce qu’être un mec bien ? Quels sont leurs modèles ? Leurs héritages ? Comment se défaire des attendus de sa famille ou de sa communauté ? Quel rapport entretiennent-ils avec l’argent, l’amour, la drague ? Est-il nécessaire d’avoir un tableau de chasse ? Comment sortir des attentes d’une sexualité dominante ? Quelles sont leurs fragilités ? Comment voient-ils leur avenir ? Comment conjuguer la vie intime et professionnelle ? Comment sortir de la compétition entre hommes ? Comment investir sa paternité ? Entre fidélité et refus du poids de l’héritage, entre désirs immenses et sentiments d’impasse de l’époque, à travers des fragments de pensées, de souvenirs, de soumissions conscientes ou inconscientes, de révoltes, de nostalgies ambivalentes et contradictoires, le très personnel devient politique et évite tout didactisme : les comédiens révèlent leurs emprises personnelles, les paradoxess du masculin, les combats de l’émancipation. Les échanges que nous avons eus ont été d’une grande puissance : ils ouvrent des champs d’émotions et de réflexions mais aussi d’humour ; des capacités à modifier, loin de tous les discours préconçus, nos relations par-delà les assignations sociales, familiales
ou traditionnelles. »
Raconter par le corps et par les voix
« L’écriture de La Tendresse est le fruit d’un long processus durant lequel se succèdent différentes étapes. Tout d’abord, une phase d’immersion. À la manière de journalistes d’investigations, nous, les auteurs, nous sommes intensément documentés sur les questions du masculin en parcourant des essais sociologiques, philosophiques, documentaires. Sans devenir des spécialistes des questions de genre, il fallait, du moins, inscrire le sujet dans sa réalité socio-politique, mais aussi dans la façon dont il redessine les frontières de l’imaginaire, de l’intime. Certains mouvements de libération de la parole ont agi comme bissectrices dans l’imaginaire collectif. Il eût été impossible d’écrire ce spectacle de la même façon avant #MeToo. Ce travail documentaire n’est pas que théorique. Il se double de rencontres auprès d’une quarantaine de jeunes gens, issus de milieux différents. Cela permet de mieux comprendre notre sujet, de l’éprouver sensiblement, d’en circonscrire, autant que possible, les enjeux et la façon dont il irrigue toutes les sphères de la société.
Quel rapport les jeunes hommes ont-ils au désir ? À la sexualité ? À l’héritage parental ? À la violence ? Quelle place aux larmes, à la consolation de soi-même et des autres ? Comment envisagent-ils l’avenir ? L’argent ? Le fait de devenir père à leur tour ? Quel est l’homme idéal pour eux ? Nous questionnons aussi la place de la tendresse, puisque le titre de la pièce agit comme un programme souterrain. Dans un temps parallèle, les auteurs ont travaillé à partir d’eux-mêmes, de leur imagination, de leurs souvenirs, de leurs nécessités, mais aussi à partir des thématiques nommées ensemble. Cela permet de concevoir des matériaux textuels qui s’affinent et se raffinent par la suite. Les textes sont envisagés comme des prises de paroles collectives et singulières, une partition rythmique. Enfin, la rencontre déterminante avec les huit jeunes hommes au plateau, tous issus de milieux différents, acteurs ou danseurs, a marqué une nouvelle étape décisive. L’écriture s’est enrichie et nourrie du travail de plateau dans un entrelacs avec les témoignages des interprètes dont parfois nous nous sommes inspirés, privilégiant ainsi ce jeu entre vérité et fiction, propre à susciter, nous l’espérons, la réflexion, l’humour et l’empathie chez le spectateur. »
DJAMIL
Moi j’ai un
J’ai un rapport particulier avec mon corps d’homme
Quand j’étais adolescent, y a des parties de mon corps qui me donnaient envie de me faire mal. Je pouvais les trouver belles mais j’avais aussi envie de me pincer là, ou de me couper, de me frapper. Quand j’ai essayé d’en parler, il y a quelques années, les autres ils faisaient la grimace, ça les gênait vachement.
Maintenant, on me dit : peut-être que tu es trans, en fait. Ou : peut-être que tu es non-binaire. C’est des trucs que les gens ont vu ou entendu beaucoup ces derniers temps alors qu’avant, jamais on
n’en parlait. Et je trouve ça bien que ça ait pu évoluer.
Sauf que ce n’est pas ça. Je sais que je suis un homme. Je sens que je suis un homme. Je n’ai pas envie de modifier mon corps pour qu’il devienne autre chose qu’un corps d’homme mais je voudrais le le le je voudrais signifier mon désaccord Je n’ai pas envie d’avoir une solidarité avec un groupe qui me répugne
Tueurs
Violeurs
Violents
Esclavagistes.
ROMAIN
Moi je me donne pas de posture, je sais que la violence elle est en moi Je l’ai jamais raconté à personne ce truc... Je l’ai raconté à Alex, Alex il sait... C’était y a longtemps J’avais une copine, et c’était ma première fois et on commence à faire les préliminaires et tout ça... Elle commence à me dire fais comme ça fais ça...
TIGRAN
Ça m’aurait pas plu
ROMAIN
Ouais, elle était presque agressive dans sa manière de parler... moi ça m’a fait un truc... J’avais l’impression que je devenais sa meuf en fait Elle a rigolé Et j’ai pas supporté
Je lui ai dit « t’as cru que j’étais ta pute ou quoi ? » Et elle a continué à rire Je lui ai mis une grande tarte pour qu’elle arrête
Ça l’a sonnée Elle se tenait l’oreille Je me suis rhabillé
Elle a commencé à se jeter sur moi Elle disait des trucs en croate
Je comprenais rien Elle tapait en pleurant et en hurlant
Elle m’a mis une ou deux patates alors j’ai cogné aussi Je lui ai dit faut pas provoquer comme ça Chez moi j’me suis rendu compte que j’avais le nez et le poignet cassés
ALEX
Je sais que c’est pas juste pour moi, c’est là, tout le temps, partout, T’es un pédé C’est un truc de pédé
Il a fait son pédé Et tout pouvait être « pédé », quant tu commençais à regarder. Moi j’avais souvent mal au ventre quand j’étais plus petit, par exemple, tu te souviens Djamil et ça
aussi, apparemment, c’était un truc de pédé. C’est parce qu’il a ses règles ! Oh le pédé ! Lire des livres, pédé. Passer du temps avec les filles, pédé, ne pas passer de temps du tout avec les filles, gros pédé Pas réussir à finir les tours de stade, ne pas commenter le cul d’une meuf, essayer d’enlever une tache sur une fringue, utiliser certaines expressions, « coucou », que des trucs de pédé.
Du coup, j’étais tout le temps aux aguets.
Et des pièges, il y en avait partout.
Même pour la bouffe, des fois, c’était possible de manger pédé. Il y a des aliments qui sont pédés, je ne sais pas d’où ça vient, peut-être qu’ils ont des couleurs pédé, ou des formes pédé, ou peut-être c’est des valeurs nutritives qui sont un peu plus pédé que les autres... En tout cas, même la nourriture, c’est pas safe. Tu es au lycée, tu poses ton plateau sur la table du self, tu as fait gaffe à ton t-shirt, à tes cheveux, à tes lunettes, tu as fait à gaffe à tout ce à quoi tu pouvais penser mais il y a un mec qui regarde ton assiette, ton petit suisse ou tes madeleines, et bam, truc de pédé.
Quand je rentrais chez moi, j’en parlais avec ma sœur et elle me disait : mais laisse tomber, ils sont cons tes potes, leur mot, il ne veut plus rien dire à force qu’ils le disent tout le temps.